Gloutonnerie

Autant le dire d’emblée, cet édito ne peut pas être objectif car nous sommes nombreux à Libération à aimer la viande. Et même les abats, c’est dire. Comme bon nombre de nos contemporains viandards, nous préférons oublier qu’il faut tuer pour qu’une entrecôte ou un foie de veau finisse dans notre assiette. Alors, pour ceux qui voudraient continuer d’avoir les crocs du boucher sans se salir le tablier, il faut regarder son assiette en face. Ne pas changer nos habitudes alimentaires ? C’est entretenir la frénésie de production de viande au seul profit d’une gloutonnerie égoïste. On ne peut en effet rester insensible aux conséquences de cette surconsommation sur la planète, aux conditions d’abattage des bêtes, ou au fait que les deux tiers des terres agricoles servent à nourrir des animaux qui vont finir à l’abattoir. Il n’y a guère d’autre solution que de manger mieux et de privilégier les filières de qualité, bref de changer collectivement nos habitudes alimentaires. Au risque de contribuer à un système de viande de classe où les riches auraient le droit de monter au filet, et où les pauvres se contenteraient d’une bouillie sans goût. Après avoir parcouru tous les arguments en faveur d’une consommation raisonnée, n’oubliez pas de lire le dernier papier (page 9) de ce dossier saignant. Il nous explique par le menu comment réconcilier les partisans inflexibles de la barbaque et les frénétiques défenseurs du gratin de tofu. Car, malgré tout, nous sommes prêts à faire des concessions pour garder ce petit goût qui nous est chair.

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