Gladiator 2 : petit tour de ses exactitudes historiques avec Eric Teyssier, spécialiste des gladiateurs
Ce mercredi 13 novembre 2024 sort Gladiator 2 de Ridley Scott, suite plus qu’attendue du premier volet qui, il y a 24 ans, avait renouvelé le genre du péplum. Pour l’occasion, Sciences et Avenir a interrogé Éric Teyssier, professeur d’histoire romaine à l’université de Nîmes et grand spécialiste du monde de la gladiature.
Attention, cet article contient des spoilers !
En bon blockbuster qu’il est, Gladiator 2 est loin, bien loin, d’offrir une fine reconstitution cinématographique de l’un des pans les plus sulfureux et fantasmés de l’histoire de l’Empire romain : la gladiature. Mais qui en est surpris ? Et surtout, qui s’en soucie ?
Oui, le film use et abuse de raccourcis, d’anachronismes et d’exagérations en tout genre, notamment lorsqu’il s’agit de lancer dans l’arène des bêtes féroces gavées de stéroïdes virtuels. Mais après tout, sa mission première est de livrer à son public du grand spectacle. Néanmoins, Gladiator 2 dépeint parfois avec un certain réalisme une période qui, selon l’historien Éric Teyssier, se fait trop rare au cinéma (l’intrigue se déroule vers l'an 211, environ vingt ans après celle du premier volet). Pour Sciences et Avenir, l’auteur de Gladiateurs (paru le 30 octobre 2024 chez Glénat), qui a pu voir le film avant sa sortie, démêle le vrai du faux.
Sciences et Avenir : À titre personnel, qu’avez-vous pensé du film, très attendu par les nombreux spectateurs qui avaient adoré le premier Gladiator ?
Éric Teyssier : Je dois déjà vous dire que je fais partie de ces spectateurs-là, pour ne pas dire des fans absolus de Gladiator. Ce film a même changé ma vie puisqu’à l’époque de sa sortie, en 2000, j’étais maître de conférences en histoire sur un tout autre sujet : l’histoire économique et sociale de la Révolution française et de l’Empire. J’ai tellement aimé le film que je me suis lancé dans l’archéologie de la reconstitution, qui est une discipline expérimentale, appliquée aux gladiateurs.
J’ai fini ensuite par consacrer à ces mêmes gladiateurs ma thèse d’État en vue de l’obtention de mon Habilitation à Diriger des Recherches (HDR, le plus haut niveau de qualification du système universitaire français, ndlr). C’est donc peu dire que j’attendais cette suite.
Hélas, elle ne m’a pas autant emballée, en premier lieu parce qu’il n'y avait plus l’effet de surprise de l[...]