Comment Gisèle Pélicot est devenue le symbole français de la lutte contre les violences sexuelles
"La honte doit changer de camp". Reprenant les mots de Gisèle Pélicot, victime présumée de l'affaire des viols de Mazan, des milliers de manifestants ont défilé ce samedi à Paris et dans plusieurs autres villes de France afin de dénoncer les violences sexuelles.
"Parler de la culture du viol"
Environ 700 personnes se sont rassemblées place de la République à Paris, appelant à lever le tabou sur les agressions. "Victimes, nous vous croyons. Violeurs, nous vous voyons", pouvait-on lire sur plusieurs banderoles.
"Nous devons parler de la culture du viol et du fait qu'après sept ans de MeToo, nous savons déjà qu'il n'y a pas de type particulier de victime. Aujourd'hui, nous réalisons aussi collectivement qu'il n'y a pas de type particulier de violeur." a exposé Anna Toumazoff, militante féministe, et co-organisatrice de la manifestation parisienne.
"Le message que nous devons faire passer est, avant tout, que lorsque c'est non, c'est non, et que cela ne restera plus impuni", a ajouté Lucia, une autre manifestante.
Un procès public pour éveiller les consciences
Gisèle Pélicot, une femme de 72 ans, aurait violée par des dizaines d'hommes durant une décennie à Mazan, alors qu'elle était inconsciente, droguée par son ex-mari.
Depuis le début du procès, Gisèle Pélicot a été saluée pour son courage, ayant pris la décision de tenir les audiences publiques afin d’éveiller les consciences sur les violences sexuelles.
La présumée victime a a permis aux journalistes de publier son nom complet et au tribunal d'exposer des vidéos explicites enregistrées par son mari, montrant des hommes se livrant à des rapports sexuels avec elle.
Son ex-mari, Dominique Pélicot, a déjà avoué les faits aux enquêteurs. Son audition sera cependant cruciale pour que le jury statue sur le sort de la cinquantaine d'autres hommes impliqués dans cette affaire. Les accusés risquent jusqu'à 20 ans de prison s'ils sont reconnus coupables.
Gisèle Pélicot, figure de proue du féminisme
Dans une lettre ouverte publiée dans le quotidien français Le Monde, la journaliste, autrice et militante féministe Hélène Devynck a remercié Mme Pélicot pour son courage. "Vous êtes entrée dans nos vies comme vous êtes entrée au tribunal d'Avignon, par la grande porte. ll n'y a pas que vous, Gisèle, qu'ils ont traitée comme une chose. Ils nous disaient, à nous toutes les femmes, à quel point nous sommes insignifiantes. Votre force nous redonne la nôtre. Merci pour cet immense cadeau." y a t-elle notamment écrit.