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Gironde : deux élections municipales pourraient être annulées en raison d'irrégularités sur Facebook

Le premier tour des élections municipales s'était tenu le 15 mars dernier, malgré la pandémie de Covid-19. (Photo : Estelle Ruiz/NurPhoto via Getty Images)

Dans les bourgs d’Ambès et de Saint-Ciers-sur-Gironde, les élections municipales du 15 mars dernier s’étaient jouées à une voix près. Près de six mois plus tard, ces deux scrutins pourraient cependant être invalidés, suite à des “actes de campagne” irréguliers.

Des détails qui pourraient coûter cher. Près de six mois après le premier tour des élections municipales, qui s’était tenu le 15 mars dernier malgré la pandémie de Covid-19, le tribunal administratif de Bordeaux a étudié ce lundi pas moins de 18 demandes d’annulation du scrutin, concernant des communes de la région.

Facebook dans le viseur du rapporteur public

Deux de ces demandes ont retenu l’attention du rapporteur public, qui a demandé l’invalidation des résultats dans les communes d’Ambès et de Saint-Ciers-sur-Gironde. “La plupart du temps, le tribunal suit ses conclusions, mais ce n’est pas une obligation”, précise Sud Ouest, qui rapporte cette décision judiciaire.

Les irrégularités reprochés aux candidats vainqueurs dans ces deux bourgs d’environ 3 000 habitants sont de différente nature, mais ont eu dans les deux cas le même cadre : le réseau social Facebook, devenu ces dernières années une importante plate-forme de mobilisation électorale, notamment pour les scrutins locaux.

Le maire d’Ambès accusé d’avoir invité deux électeurs à liker sa page à la veille de l’élection

Maire sortant d’Ambès, Kévin Subrenat avait été réélu à une petite voix près le 15 mars dernier. Un écart minime qui justifie, selon le rapporteur public, de se pencher sur la “moindre irrégularité” ayant pu faire pencher la balance du côté du vainqueur.

En l’occurrence, le maire réélu est accusé d’avoir effectué un “acte de campagne” le samedi 14 mars, veille de l’élection, ce qui est strictement interdit. Selon ses opposants, captures d’écran à l’appui, Kévin Subrenat aurait invité au moins deux électeurs à “liker” sa page sur Facebook.

Incertitude autour de la date réelle des invitations

Pour sa défense, l’édile affirme que les clichés fournis par ses accusateurs sont “des photomontages” et assure qu’il n’a pas utilisé sa page Facebook de candidat le samedi. Selon Sud Ouest, un point d’incertitude concerne la date exacte des invitations, celle-ci ne figurant pas sur les captures d’écran, réalisées a posteriori.

L’indication donnée par l’interface de Facebook (“publiée il y a deux jours”) laisse ainsi ouverte deux possibilités : soit les invitations incriminées ont été envoyées le vendredi 13 mars, auquel cas elles sont tout à fait légales, soit elles ont été envoyées le samedi, ce qui justifierait l’invalidation de l’élection.

Le maire de Saint-Ciers-sur-Gironde victime du zèle d’un employé municipal ?

Du côté de Saint-Ciers-sur-Gironde, où le scrutin s’est également joué à une voix près, c’est une publication Facebook d’un employé municipal qui a mis le feu aux poudres. Celui-ci se félicitait en effet d’avoir “forcé une personne” à voter pour Pierre Caritan, finalement vainqueur face à la majorité sortante.

“Quand on lui a demandé s’il s’agissait d’humour douteux, il a affirmé que c’était vrai”, indique le rapporteur public, cité par Sud Ouest. Un élément suffisant pour demander l’annulation du scrutin, même si le maire élu a tenté de se défendre en expliquant qu’il n’était pas lié directement à ce soutien gênant : “C’est un compte personnel, je ne peux pas le contrôler, et de plus, il ne me soutenait pas officiellement”.