Gilles Simon : "Novak Djokovic est aussi admirable que Roger Federer"

Il a été 6e mondial, a battu Nadal, Federer et Djokovic (entre autres !), sans aucun grand coup. En revanche, doté d’un physique infatigable et d’une intelligence tactique supérieure à la moyenne, il a tiré la quintessence de son tennis. Toujours joueur (61e mondial), il publie un livre dans lequel il démonte plusieurs idées reçues.

Paris Match. Patrick Mouratoglou, le coach de Serena Williams dit : « ce n'est pas un problème propre au tennis mais en France, la mentalité n'est pas en adéquation avec ce que requiert de très haut niveau. On valorise en premier le talent plutôt que l'ambition ». Êtes-vous de cet avis ?
Gilles Simon. Plutôt oui. Chez nous, il semble que la victoire ne suffise pas toujours. Il faut aussi « la classe » en plus. On voit le talent comme un gros potentiel, et donc seuls ceux qui le possèdent, sont autorisés à avoir l’ambition qui va avec. Alors que beaucoup, ont montré l’inverse. Et déjà, qu’est-ce que le talent ? A minima, il est multiple et dur à définir. Partir avec une ambition, certes avec des moyens, autorise des rêves plus grands. Or, et c’est là où je le rejoins, notre école à tendance à privilégier d’abord le talent.

Dans votre livre, vous dédouanez un peu les joueurs français de ne pas avoir « mieux » réussi. La faute à un système qui répète ses erreurs, attendu que personne n’a gagné de grand chelem depuis Yannick Noah en 1983. Or, beaucoup de gens pensent qu’avec le potentiel d’un Tsonga, d’un Monfils, d’un Gasquet ou vous-même, il y avait moyen de faire mieux. Expliquez-nous pourquoi vous réfutez cet avis ?
Mais je suis complètement d’accord ! Le point de divergence se trouve dans le « pourquoi ? » Vous, le public et les spécialistes, pensez que c’est de notre faute ; et uniquement ça. Pas, moi. « Tsonga aurait dû faire ci… », Gasquet aurait dû faire ça… » Mais au bout de 50 ans de formation fédérale, vous pensez que la seule absence de réussite en grand chelem incombe uniquement aux joueurs ? Pour 1, 2, 3 joueurs, je veux bien, mais pas des dizaines ! Ne peut-on pas remettre en question un système qui, à(...)


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