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"Gilets jaunes" -Mobilisation en forte baisse, tensions en soirée

Pour le cinquième samedi consécutif, des "Gilets jaunes" ont manifesté partout en France sous la surveillance d'un important dispositif de sécurité notamment à Paris, où les interpellations ont été bien moins nombreuses que la semaine passée. /Photo prise le 15 décembre 2018/REUTERS/Christian Hartmann

PARIS (Reuters) - Pour le cinquième samedi consécutif, des "Gilets jaunes" ont manifesté partout en France sous la surveillance d'un important dispositif de sécurité notamment à Bordeaux, Toulouse et Paris, où les interpellations ont été bien moins nombreuses que la semaine passée.

Au terme d'une semaine marquée par les annonces d'Emmanuel Macron pour le pouvoir d'achat et l'attentat meurtrier de Strasbourg, la tension reste forte dans le pays, à dix jours de Noël, période cruciale pour le chiffre d'affaires des commerçants.

Le gouvernement, imité par de nombreux responsables politiques et syndicaux à l'exception notable de la CGT et de La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, ont exhorté les "Gilets jaunes" à ne pas manifester cette semaine, invoquant le drame de Strasbourg et la fatigue des forces de l'ordre.

Voici les principaux évènements de la journée :

18h20 - Dans Paris et sa petite couronne, le nombre d'interpellations est de 168 (loin des 1.082 de la semaine dernière), dont 115 ont débouché sur une garde à vue.

La préfecture de police a aussi fait part de 48 interpellations supplémentaires dans la grande couronne.

Il y a eu de même source sept blessés "en urgence relative", dont aucun ne figure parmi les forces de l'ordre.

En comparaison avec le 8 décembre, "la mobilisation a baissé, ce qui est de mon point de vue nécessaire parce qu'il a été massivement répondu à leurs revendications et parce que le temps du dialogue est venu", a commenté sur CNEWS le président de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand.

"L'heure n'est pas au combat mais au débat", a-t-il ajouté en direct du marché de Noël de Strasbourg, endeuillé cette semaine par un attentat qui a fait quatre morts.

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17h30 - A Toulouse, où entre 3.000 et 4.000 personnes ont manifesté, des barricades ont été montées sur les allées Jean-Jaurès. Elles sont été rapidement déblayées par les gendarmes mobiles, obligeant les manifestants à reculer vers la gare Matabiau. Des affrontements ont lieu avec les forces de l'ordre et certains commerces et banques ont été vandalisés sur les allées Jaurès.

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16h45 - Sur les Champs-Elysées à Paris, la police a fait usage de canons à eau pour disperser quelques dizaines de manifestants, à la nuit tombante.

A Nantes, un demi-millier de personnes ont défilé, 11 personnes ont été interpellées et un policier a été blessé, selon la direction départementale de la sécurité publique.

A Bordeaux, 4.500 gilets jaunes et étudiants ont manifesté en début d'après-midi dans le centre-ville. Quelques échauffourées ont eu lieu place Pey-Berland, près de la mairie. La police a procédé à 14 interpellations, selon la préfecture.

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15h00 - Selon le ministère de l'Intérieur, les "Gilets jaunes" étaient à 14h00 33.500 en France dont 2.000 à Paris, de nombreux départs étant observés dans la capitale, où ils étaient 4.000 à midi. A 14h00 samedi dernier, ils étaient 77.000 en France dont 10.000 à Paris.

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14h30 - La préfecture de police fait état de "moins de 3.000 manifestants" à Paris, dont une partie se dirige de la place de l'Opéra à celle de la République aux cris de "Macron démission".

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12h30 - A Marseille, un millier de manifestants "Gilets jaunes" se sont rassemblés sur le Vieux-Port où ils ont observé une minute de silence en hommage à un homme de 23 ans décédé sur un barrage à Avignon et aux victimes de l'attentat de Strasbourg.

"On restera mobilisés tant que Macron ne descendra pas de son trône", a lancé l'un d'eux à la foule, qui a ensuite pris la direction de la préfecture protégée par les forces de l'ordre, aux cris de "Macron démission".

C'est le premier des quatre cortèges du jour dans la deuxième ville de France, où ont aussi défilé des lycéens et des étudiants, la CGT et une nouvelle marche contre l'habitat indigne. Tout s'est déroulé dans le centre-ville, ce qui a amené la municipalité à fermer préventivement le marché de Noël et la Foire aux santons.

A Bordeaux, théâtre d'importants dégâts la semaine dernière, le maire Alain Juppé s'est adressé aux "Gilets jaunes".

"J'ai fait à nouveau un appel ce matin à ce qu'ils défilent de manière pacifique", a dit l'ancien Premier ministre devant la presse. "Ceux que j'ai rencontrés m'ont dit qu'ils n'avaient rien à voir avec les casseurs. A partir du moment où on appelle à défiler dans la rue, on prend un risque évident".

Dans le Nord, la police a dispersé des migrants attirés par des camions à l’arrêt dans le bouchon formé sur l’autoroute A1, coupée samedi matin dans les deux sens de circulation à hauteur de Calais par environ 200 gilets jaunes.

En Bretagne, la mobilisation a été faible à Rennes où environ 175 "Gilets jaunes", selon la police, ont défilé dans le calme en fin de matinée et ont observé une minute de silence en hommage aux victimes de l'attentat de Strasbourg.

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12h00 - Une source policière annonce 16.000 manifestants en régions et 199 blocages, contre 22.000 et 297 respectivement la semaine passée.

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11h40 - A Paris, les contestataires circulent de façon aléatoire, en ordre dispersé.

Les forces de l'ordre ont fait usage de gaz lacrymogène avenues d'Iéna et des Champs-Elysées, a constaté Reuters sur place.

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10h40 - Place de l'Opéra à Paris, des centaines de manifestants réclament un "référendum d'initiative citoyenne" et observent une minute de silence en mémoire des victimes de l'attentat commis mardi soir à Strasbourg, qui a fait quatre morts.

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10h30 - Gare Saint-Lazare, des militants des organisations Attac et Droit au Logement, notamment, se joignent aux manifestants "Gilets jaunes". Parmi eux, le député La France insoumise Eric Coquerel.

"On a un peuple qui s'est mis en mouvement et qui à mon avis est en train d'exprimer un refus de la politique menée depuis des années, accélérée par M. Macron, sur les privilèges, les taxes, etc. Ce mouvement n'est pas prêt de s'arrêter", a dit l'élu de Seine-Saint-Denis au micro de BFM TV. "Nous devrions tous nous engouffrer dans la brèche ouverte par les Gilets jaunes, qui est évidemment salvatrice."

Un manifestant croisé par Reuters sur les Champs-Elysées a dit tabler sur une poursuite du mouvement, malgré une mobilisation en baisse.

"Depuis l'attentat de Strasbourg (c'est plus calme), mais je pense que samedi prochain et les samedis suivants cela va revenir", a-t-il dit. "Il y a un petit moment de calme, mais ça va revenir petit à petit".

"Ça n'arrêtera pas tant que nous n'aurons pas ce que nous voulons", a renchéri un autre manifestant "Gilet jaune".

En régions, l'autoroute A6 est fermée depuis 6h30 entre Villefranche-sur-Saône et Macon à la demande de la préfecture du Rhône, qui a souhaité anticiper les désordres provoqués dans ce secteur ces derniers samedis.

A Avignon (Vaucluse), une seule manifestation a été déposée en préfecture : une marche blanche en hommage à un jeune de 23 ans tué sur un barrage des "Gilets jaunes" dans la nuit de mercredi à jeudi.

Sur le réseau autoroutier, l'A7 a été fermée au niveau d'Orange en direction de Lyon en raison d'une opération escargot qui a entraîné la fermeture de l'échangeur d'Orange-Sud. Les entrées et sorties étaient aussi fermées à Bollène, Avignon-Nord et Chanas.

Des opérations de filtrage par les "Gilets jaunes" ont été signalées sur l'A50 à La Ciotat (BdR) et Bandol (Var).

Dans le Gard, des centaines de "Gilets jaunes" ont pris position sur des ronds-points desservant Nîmes.

En Gironde, deux points de blocages ont été organisés en début de matinée sur les autoroutes autour de Bordeaux. L’un au nord, sur l'A10, dans les deux sens, à hauteur de Saint-André-de-Cubzac, à une vingtaine de kilomètres de la rocade de Bordeaux. L'autre sur l'A63 au sud de la ville à hauteur de Canéjan dans le sens nord-sud.

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10h10 - Des manifestants des "Gilets jaunes" se rassemblent par centaines place de l'Opéra et avenue des Champs-Elysées, notamment.

Sur l'avenue, des militantes rappelant les féministes Femen, seins nus et bonnet phrygien sur la tête, font face aux forces de l'ordre.

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09h26 - Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, annonce sur Twitter que des contrôles préventifs seront menés toute la journée dans les gares parisiennes.

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09h23 - Selon le ministère de l'Intérieur, 69.000 policiers et gendarmes sont mobilisés à l'échelle nationale, un peu moins que la semaine dernière.

Des renforcements ont été prévus dans des villes sensibles comme Toulouse, Bordeaux et Saint-Etienne.

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08h40 - La préfecture de police annonce dix interpellations à Paris, contre 278 samedi dernier au même moment. Une quinzaine de personnes ont aussi été interpellées dans le cadre de contrôles préventifs menés dans la grande couronne.

A Paris, 8.000 membres des forces de l'ordre sont mobilisés, appuyés par 14 véhicules blindés de la gendarmerie.

L'avenue des Champs-Elysées, lieu de fortes tensions ces dernières semaines, était déserte en début de journée, fermée à la circulation. Quelques dizaines de manifestants vêtus de gilets se sont rassemblés place de l'Etoile.

Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, va à la rencontre des forces de l'ordre place de la Concorde.

Le périmètre de protection des institutions, autour de l'Elysée, du ministère de l'Intérieur, de l'Assemblée nationale et de Matignon, est renouvelé. Dans le reste de la ville, un quadrillage préventif très serré a été mis en place, a expliqué le préfet de police de Paris, Michel Delpuech.

(Elizabeth Pineau et Emmanuel Jarry avec le Bureau de Paris et les correspondants de Reuters en régions, édité par Yves Clarisse)