"Une gifle, c'est une violence conjugale": la mise au point d'Osez le féminisme après les propos de Bompard

Le logo du numéro d'urgence contre les violences conjugales, le 3919 - Eric FEFERBERG © 2019 AFP
Le logo du numéro d'urgence contre les violences conjugales, le 3919 - Eric FEFERBERG © 2019 AFP

"Une gifle n'est pas égale à un homme qui bat sa femme tous les jours." C'est ce qu'a déclaré ce vendredi matin sur CNews Manuel Bompard pour défendre son collègue Adrien Quatennens, désormais en retrait de son poste de coordinateur de La France insoumise.

Des propos qui ont immédiatement suscité l'indignation. Isabelle Rome, la ministre déléguée à l'Égalité femmes-hommes, a ainsi estimé sur Twitter qu'ils étaient "abjects" et "banalis(ai)ent la violence".

Marlène Schiappa, qui l'a précédée à ce portefeuille, a également jugé que ces propos faisaient "un tort considérable au combat pour la protection des femmes face aux violences". "On va vraiment en revenir à débattre pour savoir si frapper une femme c’est acceptable?!" s'est-elle insurgée sur les réseaux sociaux.

"Un continuum de violences"

Adrien Quatennens, député du Nord de La France Insoumise, est visé par une enquête du parquet de Lille pour violence par conjoint. Il a notamment reconnu dans un communiqué avoir giflé son épouse, avec laquelle il est en instance de divorce "dans un contexte d'extrême violence et d'aggressivité mutuelle".

Si Manuel Bompard assure ne pas "minimiser les faits" dont est accusé Adrien Quatennens, il a cependant invité à "avoir de la nuance" et voulu essayer avec ses déclarations "de faire la part des choses", a-t-il ainsi affirmé.

Pour Elsa Labouret, porte-parole de l'association Osez le féminisme! ce type de propos ne font que renforcer l'impunité dont bénéficie les auteurs de violences conjugales.

"On se fait une certaine idée d'un homme qui bat sa femme", observe-t-elle pour BFMTV.com. "Pourtant, une gifle, c'est une violence conjugale. Et cela fait partie d'un continuum de violences."

"Cet acte n'est jamais isolé, il est un symptôme d'un rapport de pouvoir asymétrique au sein d'un couple, et d'un contrôle coercitif", explique l'organisation sur Twitter.

"Une étape dans l'escalade"

Des violences tant physiques que psychiques pour celles qui les subissent. "Ce n'est pas parce qu'une violence ne laisse pas de blessures physiques, de marques ou de traces que ce n'en est pas une", insiste la représentante de cette association. Elle cite en exemple de ces violences les objets jeté en direction ou à côté d'une femme, ou encore un coup de poing donné dans un mur.

"Le principe des violences conjugales, c'est de faire peur et de créer un climat de peur", explique Elsa Labouret.

"Une gifle, c'est une étape dans l'escalade des violences", assure-t-elle. "Et minimiser une gifle, c'est minimiser cette stratégie de mise sous emprise, ce piège dans lequel se retrouvent de nombreuses femmes."

"C'est aussi cracher au visage des victimes, de toutes ces femmes qui n'osent pas parler, qui n'osent pas porter plainte et qui ne sont pas entendues par la justice", conclut Elsa Labouret.

Manuel Bompard est revenu dans la journée sur ses propos, dénonçant "une mauvaise polémique". "Je n'ai jamais dit, ni pensé qu'une gifle n'était pas grave. C'est un fait grave et inacceptable", a-t-il assuré dans un communiqué. Adrien Quatennens s'est quant à lui mis en retrait de ses fonctions de coordinateur au sein de son parti. Mais pour certains, c'est insuffisant. Plus de 500 militantes féministes demandent désormais à ce qu'il démissionne de son mandat de député.

Article original publié sur BFMTV.com