Georgie: les manifestations pro-UE continuent, 224 interpellations depuis le début de la mobilisation
Des rassemblements qui ne s'essouflent pas. La présidente pro-occidentale de la Géorgie Salomé Zourabichvili a martelé lundi 2 décembre que la mobilisation de la rue ne faiblissait pas, après une quatrième nuit de manifestations émaillées de heurts pour réclamer de nouvelles législatives et dénoncer la décision des autorités de suspendre les ambitions d'intégration du pays au sein de l'UE.
"Encore une nuit impressionnante au cours de laquelle les Géorgiens ont défendu fermement leur Constitution et leur choix européen", a-t-elle écrit sur X, en partageant des images du rassemblement de la veille.
"La détermination dans les rues ne montre aucun signe d'arrêt", a assuré la présidente de ce pays du Caucase.
Dizaines de milliers de manifestants
Le parti Rêve géorgien, au pouvoir depuis 2012 et accusé par ses opposants de dérive autoritaire prorusse, a déclenché jeudi une nouvelle vague de mobilisation en repoussant à 2028 toute négociation d'intégration dans l'Union européenne.
Cet objectif est pourtant si précieux qu'il est inscrit dans la Constitution de cette ex-république soviétique. Ce mouvement se produit alors que l'autorité du parti Rêve géorgien est très contestée par l'opposition, qui l'accuse d'avoir "volé" les élections législatives du 26 octobre.
Dimanche soir, pour la quatrième nuit consécutive, des dizaines de milliers de manifestants se sont rassemblés en agitant des drapeaux européens jusque tard à Tbilissi, la capitale, et dans d'autres villes.
La situation s'est tendue dans la soirée autour du Parlement à Tbilissi. Des manifestants ont lancé des feux d'artifices à l'intérieur du bâtiment, en visant les nombreuses fenêtres cassées et provoquant à chaque fois des cris de joie dans la foule.
224 interpellations
Ils ont finalement été dispersés à coups de canons à eau et de gaz lacrymogène par la police, vers laquelle certains d'entre eux envoyaient différents projectiles.
Le ministère de l'Intérieur a annoncé lundi que 21 policiers ont été blessés, dont certains "grièvement", lors des manifestations et heurts de la veille.
Au total, 224 personnes ont été interpellées depuis le début des rassemblements la semaine dernière, a ajouté le ministère dans un communiqué.
Les manifestants accusent la police de les violenter. "Ils sont énervés, ils nous battent, ils nous arrosent" mais "on s'en fout", a déclaré dimanche à l'AFP Lika, 18 ans, alors que la police tentait de disperser la foule.
Le mouvement n'a pas de leader clair, mais les Géorgiens rassemblés dimanche se disaient déterminés à continuer de défendre la voie européenne de la Géorgie.
"Gouvernement prorusse"
Les Géorgiens défilent pour l'UE tout autant que contre la Russie voisine, la foule scandant régulièrement des slogans hostiles à Moscou.
Le pays niché sur les rives de la mer Noire, reste traumatisé par l'invasion russe de 2008, au cours d'une brève guerre. La Géorgie traverse une crise politique depuis que le parti Rêve géorgien a proclamé sa victoire aux élections législatives de fin octobre.
L'opposition, et la présidente pro-occidentale Salomé Zourabichvili, estiment le scrutin entaché de fraudes, et l'UE a demandé une enquête. Le Premier ministre Irakli Kobakhidzé a pour sa part catégoriquement exclu d'organiser de nouvelles élections.
Salomé Zourabichvili a elle annoncé samedi qu'elle refuserait de rendre son mandat à la fin de l'année, comme cela était prévu, tant qu'un nouveau scrutin n'aurait pas lieu.