George Soros dénonce la campagne menée contre lui par Budapest

BUDAPEST (Reuters) - Le milliardaire américain George Soros a dénoncé lundi la campagne menée contre lui par le gouvernement hongrois, qu'il juge fondée sur "des falsifications et des mensonges".

Agé de 86 ans, George Soros, homme d'affaires d'origine juive hongroise, finance de nombreuses associations humanitaires comme Human Rights Watch (HRW) et des initiatives comme la création de l'Université d'Europe centrale (CEU) à Budapest.

Le gouvernement conservateur du Premier ministre hongrois Viktor Orban a dénoncé à plusieurs reprises les positions des organisations financées par Soros qu'il juge contraires aux intérêts de la Hongrie, notamment en matière d'immigration.

Le mois dernier, Orban, qui affrontera des élections en avril prochain, a envoyé aux électeurs le texte de sept déclarations attribuées à George Soros, qui appelleraient notamment l'Union européenne à accueillir un million d'immigrés chaque année.

"Ces déclarations (diffusées par le gouvernement hongrois) contiennent des falsifications et de purs mensonges qui visent à tromper les Hongrois sur l'opinion de George Soros concernant les migrants et les réfugiés", affirme un communiqué de l'Open Society Foundations, créée en 1979 par le milliardaire.

"Alors que les systèmes de santé et d'éducation sont en perdition et que la corruption s'étend (en Hongrie), le gouvernement actuel cherche à créer un ennemi de l'extérieur pour faire diversion et tromper les citoyens. Il a choisi George Soros dans ce but", ajoute le communiqué d'Open Society.

Il souligne notamment que George Soros a parlé de 300.000 réfugiés accueillis chaque année dans l'Union européenne, non d'un million.

L'été dernier, une campagne d'affichage anti-migrants lancée par le gouvernement hongrois a mis en avant le portrait de Soros. Ces affiches et des encarts pleines pages dans les journaux sont apparus en Hongrie, montrant un Soros souriant, avec cette légende : "Ne laissez pas Soros rire le dernier."

Lors d'une conférence de presse lundi, le vice-président du parti au pouvoir, le Fidesz, a affirmé que Soros menait un "assaut frontal" contre la Hongrie.

"Ce que Soros écrit sur l'immigration, en général, illustre une position pro-immigration et son mépris pour les Etats-nations", a dit Gergely Gulyas. "Et les décisions prises à Bruxelles vont dans le même sens", a-t-il ajouté.

"Quelques jours avant une décision récente sur l'immigration au Parlement européen, Soros rencontrait le rapporteur de ce dossier et cinq commissaires européens. Je ne suis pas conspirationniste mais ce sont quand même des choses à savoir."

Pour le numéro deux du Fidesz, accuser le gouvernement d'antisémitisme est "insultant".

(Marton Dunai; Guy Kerivel pour le service français)