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Generali prend 3,01% d'Intesa Sanpaolo pour se protéger

par Valentina Za

(Reuters) - Le numéro un italien de l'assurance, Assicurazioni Generali, a annoncé lundi détenir 3,01% des droits de vote d'Intesa Sanpaolo, une manoeuvre qui empêche de fait la banque de se renforcer elle-même dans son capital.

Cette initiative est intervenue après que le journal La Stampa a rapporté ce week-end qu'Intesa, l'une des principales banques d'Italie, envisageait un investissement dans Generali, éventuellement dans le cadre d'un accord avec l'assureur allemand Allianz.

L'article expliquait qu'Allianz pourrait acheter une partie des actifs de Generali tandis qu'Intesa prendrait une participation au capital pour cinq à six milliards d'euros afin de protéger les intérêts italiens. Intesa comme Allianz ont refusé de commenter ces informations.

Mais la montée de Generali dans Intesa, réalisée via une opération de prêt de titres, empêcherait la banque de mettre en oeuvre un tel projet.

Selon les données de Thomson Reuters, la participation acquise par Generali représente environ 1,2 milliard d'euros.

La réglementation italienne sur les participations croisées interdit en effet à une société de détenir plus de 3% des droits de vote d'une autre entité si cette dernière a déjà une participation de plus de 3% dans son capital.

Cela signifie qu'Intesa peut encore acheter plus de 3% des actions Generali mais que dans ce cas, ses droits de vote seraient plafonnés à 3% et que la banque serait obligée de céder ses parts au-delà de 3% dans un délai d'un an.

Ces limitations ne s'appliqueraient cependant pas si Intesa lançait une offre publique sur au moins 60% du capital de Generali.

A la Bourse de Milan, l'action Generali a clôturé en hausse de 3,94% à la Bourse de Milan en réaction à cette information, à 14,25 euros, après avoir pris jusqu'à plus de 7% en séance. Au cours de clôture, le groupe est valorisé 21 milliards d'euros.

Intesa a cédé 2,91% et qu'à Francfort, Allianz abandonnait 1,13%.

AXA A AUSSI ÉTÉ CITÉ COMME UN ACHETEUR POTENTIEL

Generali, dont la capitalisation boursière est encore inférieure de moitié à son niveau d'avant la crise financière de 2007-2008, fait régulièrement l'objet de spéculations sur un possible rachat, le français Axa étant parfois cité dans la presse comme un acquéreur potentiel.

La Stampa explique qu'Allianz a déjà étudié la faisabilité d'une offre d'achat l'été dernier mais qu'il a renoncé en raison de l'intérêt d'Axa.

Le président du directoire du groupe allemand, qui est déjà numéro trois du marché italien derrière Generali et UnipolSai Assicurazioni, a déclaré il y a quelques jours préférer le scénario d'un "gros rachat" car multiplier des acquisitions de petite taille n'aurait selon lui pas de sens.

Les analystes financiers sont toutefois sceptiques sur la possibilité d'un accord à trois Generali-Intesa-Allianz, en expliquant qu'il susciterait probablement des réticences des autorités de la concurrence, tant en raison de la position d'Allianz que de celle d'Intesa, déjà présent dans l'assurance par le biais de sa filiale Intesa Sanpaolo Vita.

"Etant donné la part de marché acquise par Intesa Sanpaolo dans l'assurance vie, un accord pourrait poser des problèmes d'antitrust", dit ainsi le courtier ICBPI dans une note.

Generali a pour principal actionnaire la banque d'affaires Mediobanca, qui a annoncé vouloir ramener sa participation de 13% à 10% dans un premier temps, et la réduire encore par la suite.

Jean-Pierre Mustier, l'administrateur délégué de la banque UniCredit, l'un des principaux actionnaires de Mediobanca, a déclaré récemment à la presse qu'il était important que Generali reste italien, ajoutant que Mediobanca devait veiller à préserver l'indépendance de l'assureur.

Une source proche du dossier a par ailleurs déclaré à Reuters que le directeur financier de Generali, Alberto Minali, était sur le point de remettre sa démission et qu'un conseil d'administration l'étudierait mercredi.

Cette source a précisé que Minali était en désaccord avec l'administrateur délégué, Philippe Donnet, qui a pris la tête du groupe l'an dernier après le départ surprise de Mario Greco, part diriger le suisse Zurich.

Une deuxième source a confirmé que Generali réunirait son conseil mercredi, sans plus de précision.

Minali n'a pas répondu dans l'immédiat à une demande de commentaire.

(avec Agnieszka Flak; Véronique Tison et Marc Angrand pour le service français)