Gendarme tué à Mougins : le chauffard récidiviste mis en examen avait exécuté l’ensemble de ses peines
Alors que l’idée d’un « laxisme » de la justice se fraye un chemin dans cette affaire, le parquet a tenu à faire une mise au point importante sur le profil du suspect.
JUSTICE - Une mise au point après la mise à l’index de la Justice. Le parquet de Grasse, qui a conduit les investigations après la mort du gendarme Eric Comyn lundi lors d’un refus d’obtempérer, a souhaité revenir, ce jeudi 29 août, sur le profil de l’homme 39 ans mis en examen la veille. L’occasion d’éclaircir plusieurs points sur son passé judiciaire, alors que la question de la lutte contre la récidive s’impose à nouveau dans le débat publie.
Gendarme tué à Mougins : le suspect affirme avoir « percuté involontairement » Éric Comyn
Dans un communiqué publié ce jeudi 29 août, le parquet a ainsi souhaité rappeler que le chauffard mis en examen pour la mort de l’adjudant de 54 ans avait déjà 10 condamnations à son casier judiciaire et avait été interpellé deux fois pour conduite en état d’ivresse et/ou sous stupéfiants.
Toutefois, « l’ensemble des peines auxquelles il a été condamné ont été exécutées », a insisté le parquet. En précisant que sur ces 10 condamnations « six concernent des infractions à la circulation routière, les quatre autres étant des atteintes aux personnes ».
Parmi les affaires liées à la conduite, il avait été condamné le 9 mai 2018 par le tribunal de Grasse à deux mois d’emprisonnement « exécutés sous la forme d’une détention à domicile sous surveillance électronique » pour conduite en état d’ivresse et sous stupéfiants.
En septembre 2023, il avait également été interpellé pour conduite en état d’ivresse. Une infraction pour laquelle sa condamnation à une suspension de permis de quatre mois et 600 euros d’amende allait lui être officiellement notifiée le 12 septembre, soit dans deux semaines.
Mission de prévention du parquet
Des éclaircissements qui viennent tordre le cou à l’idée selon laquelle la politique pénale et judiciaire serait trop laxiste en France, une idée assez largement relayée par l’extrême droite française depuis le drame de lundi. D’autant que la veuve d’Eric Comyn avait eu des mots particulièrement virulents lors d’une cérémonie en hommage à son mari, où elle a tenu « la France » pour responsable de la mort de son époux, en raison de « son insuffisance, son laxisme et son excès de tolérance » en matière de justice.
« Pourquoi cet homme multirécidiviste peut-il évoluer en toute liberté ? Quand est-ce que nos législateurs ouvriront véritablement les yeux ? Faut-il qu’ils soient touchés directement pour agir ? Combien de morts avant que ces assassins soient véritablement punis ? », avait-elle poursuivi, en regrettant notamment l’abolition de la peine de mort dans la suite de son discours. Et laissant ainsi entendre que le chauffard impliqué dans la mort de son mari avait facilement échappé à la justice.
La prise de parole du parquet à ce moment précis répond également à une exigence de communication. Le procureur de la République étant le seul à pouvoir s’exprimer sur les affaires en cours, l’une de ses missions est d’« éviter la propagation d’informations parcellaires ou inexactes ou pour mettre fin à un trouble à l’ordre public », comme l’indique l’article 11 du code de procédure pénale. Ce qu’il semble avoir fait dans ce cas précis, en fournissant des informations « tirées de la procédure ne comportant aucune appréciation sur le bien-fondé des charges retenues contre les personnes mises en cause ».
Mercredi soir, le parquet de Grasse avait par ailleurs confirmé le placement en détention provisoire et la mise en examen du chauffard, alcoolisé au moment des faits. Une mise en examen dont le principal chef d’accusation est « meurtre sur personne dépositaire de l’autorité publique ». Avant cette mise au point du parquet, seul le ministre de l’Intérieur démissionnaire Gérald Darmanin s’était exprimé sur le profil judiciaire du suspect, présenté alors comme un « Cap-verdien en situation régulière » en France, qui avait commis par le passé « de nombreux délits routiers, dont des refus d’obtempérer » .
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