Gérard Araud : "On oublie le bon usage de Pegasus, qui a déjoué des attaques terroristes"

Retraité, l'ancien ambassadeur de France à Washington Gérard Araud fut, de septembre 2019 à septembre 2020, recruté comme conseiller extérieur par l’entreprise NSO, le fabricant de Pegasus.

Paris Match : Quelle était votre fonction lorsque vous travailliez pour NSO?
Gérard Araud : Il m’a été demandé de mettre en place des processus de prise de décision, d’aider à établir des listes de pays selon leur fonctionnement démocratique, leurs positions géostratégiques. Puis j’ai réfléchi avec la direction aux questions et conditions qu’il fallait imposer aux acheteurs. Nous avons aussi organisé des procédures internes afin que des lanceurs d’alerte puissent se manifester sereinement et nous avons travaillé à une meilleure représentation du personnel dans les prises de décision.

"NSO dépend en Israël de la commission sur les ventes d’armes, car le logiciel Pegasus peut être assimilé à une arme"

Comment réagissez-vous aux informations selon lesquelles Pegasus aurait servi à espionner des opposants politiques, des militants, des chefs d’État, des journalistes?
Je trouve curieux de s’en prendre à l’entreprise et non à ses clients, qui auraient, pour certains, dévoyé l’usage des logiciels achetés. NSO vend à des États ou à des agences gouvernementales, les négociations se déroulent à un niveau étatique. NSO examine scrupuleusement les besoins de ses potentiels clients : ces acheteurs font-ils face à une criminalité endémique? Doivent-ils lutter contre des mouvements terroristes? De son côté, le client prend des engagements formels. En réalité, ce sont les mêmes procédures que pour les ventes d’armes. D’ailleurs, NSO dépend en Israël de la commission sur les ventes d’armes, car le logiciel Pegasus peut être assimilé à une arme. La France agit de la même manière quand elle vend son arsenal, elle s’interroge aussi sur l’usage qu’en fera le pays acquéreur.

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