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Gaza : vivre sous le blocus

Souvent décrite comme la plus grande prison à ciel ouvert du monde, la bande de Gaza atteint son point de rupture. Pendant dix ans, le blocus israélien a limité les importations et les exportations par voie terrestre, aérienne et maritime. Dans le port, qui a pu compter jusqu‘à 10 000 pêcheurs, il n’en reste que 4 000. Les eaux usées du million huit cent mille habitants se déversent dans la mer, bientôt, il n’y aura, de toutes façons, plus de poisson. “Dans le passé, on nous autorisait à aller jusqu‘à 12 milles nautiques et on avait déjà du mal à trouver du poisson. Aujourd’hui, ils nous autorisent à aller jusqu‘à trois milles, mais même ça, c’est juste pour les médias, en fait, ils commencent à nous chasser avant même qu’on arrive aux deux milles“, explique Iyad baker. Les cicatrices de la guerre de 2014 sont toujours visibles. L‘économie n’arrivera probablement pas à dépasser le niveau d’avant-guerre avant fin 2018. Le taux de chômage est resté proche de 40 %. Pour les agriculteurs, la situation se dégrade aussi rapidement en raison du blocus : “Je ne peux pas embaucher de travailleur, j’ai dû licencier à cause de la perte de revenu, je travaille juste avec mes enfants, peut-être que l’an prochain, je ne serais même pas en mesure de planter quoique ce soit. Je prie Dieu pour que les choses s’améliorent et reviennent à ce qu’elles étaient il y a 10 ans, qu’on puisse planter et exporter nos produits, que les checkpoints avec Israël et l’Egypte rouvrent“, explique Ammar Al Rahel. L’Autorité palestinienne, le Fatah, a arrêté de payer Israël pour alimenter ce territoire en électricité depuis mi-avril. Les gens n’ont plus que trois heures de courant par jour. Les soins de santé,..., tout est affecté par cette décision que conteste le Hamas au pouvoir ici. La Croix Rouge Internationale prévient que Gaza risque “un effondrement systémique”, laissant les jeunes Gazaouis avec peu d’espoir. “En tant que jeune et citoyen de gaza, nous avons l’impression qu’il n’y pas d’avenir, plus d’horizon. Nous n’espérons pas que les choses s’améliorent à cause du blocus. Des milliers de diplômés voient tout en noir parce que le siège a stoppé toute forme de vie à Gaza“, témoigne Mohamad Al Saiqaly. Le taux de chômage chez les jeunes atteint 60 %. Vivre dans cette bande de terre de 41 kilomètres de long sous blocus israélien, relève aujourd’hui de l’exploit. L’ONU, dès 2015, expliquait que la bande de Gaza serait inhabitable d’ici 2020. Les experts mettent en garde contre l‘éclatement d’une crise, qui pourrait conduire à une nouvelle guerre. Et notre journaliste Joanna Gill, de conclure : 2017 est une année importante pour les Palestiniens, elle marque 10 ans de blocus israélien et 50 ans d’occupation des territoires palestiniens. Le temps et la patience des habitants de Gaza s‘épuisent, pris en otage par les divisions entre le Hamas et le Fatah et l’enlisement diplomatique du conflit avec Israël.