Gaza, Soudan, Ukraine... la Croix Rouge exhorte les États à renforcer leur respect du droit humanitaire

Mirjana Spoljaric, la présidente du Comité international de la Croix Rouge (CICR) a dénoncé une dangereuse absence de respect pour le droit international humanitaire et exhorté les États à lui redonner la "priorité politique".

Dans une interview au quotidien suisse Le Temps, elle rappelle que "le droit humanitaire n'empêche pas les guerres, mais règle la manière dont elles sont conduites afin qu'il soit possible après coup de négocier et construire la paix".

"La situation actuelle est extrêmement dangereuse", dit-elle, "les traumatismes créés par les conflits en cours risquent de nous hanter pour des décennies" et "il est à mes yeux indispensable d'agir maintenant".

"Notre accès aux populations est de plus en plus entravé"

"Nous sommes face à des conflits de très haute intensité dans un contexte extrêmement polarisé. La neutralité du CICR est fortement mise sous pression", ajoute-t-elle, citant les conflits à Gaza, au Soudan et en Ukraine.

"Très peu d'organisations peuvent assumer le rôle indépendant et neutre que nous jouons, qu'il s'agisse des évacuations de personnes au Soudan, des libérations d'otages à Gaza ou des visites de détenus en vertu des 3e et 4e Conventions de Genève", rappelle Mirjana Spoljaric. Or, constate-t-elle, "notre accès aux populations est de plus en plus entravé, instrumentalisé".

La Croix Rouge est le garant des Conventions de Genève qui ont été adoptées en 1949 après la Seconde guerre mondiale. Portées par des valeurs qui transcendent les croyances et les frontières, ces textes codifient le droit humanitaire international afin de protéger les civils et limiter l'impact d'un conflit armé.

Vendredi, le comité international de la Croix Rouge a lancé une initiative auprès de six pays: Brésil, Chine, France, Jordanie, Kazakhstan et Afrique du Sud. "L'idée n'est pas de réinventer les Conventions de Genève, qui demeurent des textes de droit solides, mais d'exhorter les États à les appliquer", dit-elle.

Selon elle, "c'est d'autant plus important que les futures actions militaires se fonderont beaucoup sur les nouvelles technologies et l'intelligence artificielle et que la prévention des conflits sera encore plus cruciale".

Elle explique que "les six États de la plateforme s'engagent à renforcer la mise en oeuvre et l'application universelle, uniforme et rigoureuse du droit international humanitaire".

"Nous ne lançons pas un processus de négociation de nouvelles conventions", poursuit-elle. Mais des groupes de travail vont se monter avec des experts du monde entier, en vue de pouvoir des recommandations en 2026 que les États pourraient adopter. "En résumé, il faut que les États fassent de la mise en oeuvre du droit international humanitaire une priorité politique", conclut-elle.

Article original publié sur BFMTV.com