Gaza: scènes de fin du monde dans Jabalia assiégée
Dans la cour d'un hôpital du nord de la bande de Gaza assiégée par l'armée israélienne, de jeunes hommes pleurent, le visage déformé par la douleur. Par terre, des linceuls blancs, certains faisant la taille d'enfants, d'où dépassent une main ou un pied recouverts de cendres.
"Il y a énormément de morts et des personnes sont encore sous les décombres, portées disparues", dit à l'AFP Mouhammad Abou Halima, un habitant de Jabalia âgé de 40 ans.
"Depuis plus d'une semaine, il n'y a plus d'espoir, plus d'eau et plus de moyens de subsistance", résume-t-il.
L'armée israélienne resserre son étau autour de Jabalia, localité du nord du territoire palestinien où le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a assuré dimanche qu'elle démantelait les "bastions du Hamas".
Les structures de santé sont également à cours de fournitures médicales et manquent de carburant pour faire fonctionner les générateurs électriques.
"Nous sommes assiégés par Israël", lâche Hussam Abou Safiya, le directeur de l'hôpital Kamal Adwan à Beit Lahia, une localité voisine.
"Nous souffrons d'un blocus sur les denrées alimentaires, les médicaments, les fournitures médicales et même le carburant venant du sud vers le nord. Le personnel médical est "épuisé, il y a très peu de médecins disponibles", poursuit-il.
L'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a publié une photo de son centre de soins de Jabalia, la façade presque entièrement calcinée.
Selon l'agence, plus de 400.000 personnes se trouvent dans cette zone où combats au sol et bombardements aériens se sont intensifiés.
"Nous avons déjà trop souffert, entre le déplacement, la famine et la mort. Nous ne pouvons plus supporter cette guerre plus longtemps", raconte à l'AFP Imane Marwan, originaire de Jabalia et déplacée à Deir al-Balah où elle a fui.
- "Déjà trop souffert" -
En un an de guerre, M. Netanyahu s'est engagé à plusieurs reprises à remporter une victoire totale à Gaza face au Hamas, qui selon des experts a été considérablement affaibli par l'assassinat de plusieurs de ses dirigeants et de milliers de combattants.
Mais le mouvement islamiste palestinien, considéré comme une organisation terroriste par les Etats-Unis et l'Union européenne notamment, continue à combattre les soldats israéliens sur le terrain et à envoyer des roquettes sur Israël.
Dimanche, le Hamas a qualifié les opérations israéliennes à Jabalia de "campagne militaire criminelle".
Au moins 140 personnes y ont été tuées depuis le début de cette nouvelle offensive, selon la Défense civile de Gaza.
"Il y a des dizaines de personnes disparues sous les décombres, et nous ne pouvons pas les atteindre", a indiqué son porte-parole, Mahmoud Bassal.
Face aux pénuries et aux bombardements, de nombreux habitants tentent de partir, emportant avec eux quelques sacs, des casseroles, ou des bidons d'eau.
Ils se hâtent au milieu des monticules de déchets et décombres qui ont envahi le paysage du territoire palestinien ravagé par plus d'un an de guerre.
La quasi-totalité des 2,4 millions d'habitants de la bande de Gaza ont déjà été déplacés par les combats, selon les Nations unies et l'offensive israélienne à Jabalia pousse à une nouvelle fuite.
"A Jabalia, nous n'avons plus le goût de vivre ", résume Hashem Abou Youssef Asaliya, 70 ans.
"Depuis le début de la guerre, nous avons été déplacé 12 fois, voila ce qu'est notre vie".
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