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A Gaza, le bilan est aussi matériel

Les combats dans la bande de Gaza ont coûté la vie à plus de 800 personnes depuis le 8 juillet et fait plus de 5.000 blessés, mais les dégâts matériels sont, eux aussi, considérables. /Photo prise le 12 juillet 2014/REUTERS/Ibraheem Abu Mustafa

par Nidal al-Mughrabi et Noah Browning GAZA (Reuters) - Les combats dans la bande de Gaza ont coûté la vie à plus de 800 personnes depuis le 8 juillet et fait plus de 5.000 blessés, mais les dégâts matériels sont, eux aussi, considérables. Les tirs d'artillerie et les frappes aériennes de l'armée israélienne ont réduit en cendres des quartiers entiers dans l'enclave palestinienne où, même en temps de paix, la situation est difficilement vivable pour les 1,8 million habitants. En 2012, l'Onu avait estimé que cette fine bande de terre parmi les plus densément peuplée de la planète deviendrait quasiment inhabitable à l'horizon 2020 si aucun plan d'urgence ne venait améliorer les conditions de vie d'ici là. Ce diagnostic est d'autant plus vrai après deux semaines et demie de combats. Au moins 2.655 maisons ont été entièrement détruites ou gravement endommagées et 3.175 autres ont subi des dégâts de moindre importance, selon des chiffres des Nations unies. Les bombardements ont frappé 116 écoles et 18 centres de santé, des stades, des terrains de jeu, des mosquées, des routes, des antennes relais téléphoniques, des canalisations ou encore des commissariats de police. Le ministre palestinien du Logement, Moufid al Hasaïna, évalue pour le moment à 800 millions de dollars le coût de la reconstruction des maisons détruites -l'équivalent du budget annuel de la bande de Gaza. Selon lui, il est encore trop tôt pour calculer le coût des dégâts subis par les bâtiments publics et les infrastructures. "Nous ne pouvons pas faire d'estimation définitive sous le feu", dit-il à Reuters. "Le ministère prévoit d'appeler, une fois que la guerre sera finie, tous les pays du monde afin qu'ils aident à la reconstruction de Gaza." "Nous voulons une véritable aide, pas seulement des mots. Les donateurs avaient promis près de 5 milliards de dollars (ndlr, après l'opération 'Plomb durci' de décembre-janvier 2008-2009) et nous n'avons pas vu arriver un seul centime. Nous voulons une vraie aide cette fois-ci", ajoute-t-il. 3.000 TONNES DE BOMBES Les appels aux dons lancés à la communauté internationale risquent de ne rencontrer qu'un faible écho, selon Robert Turner, chef de l'Unrwa, l'agence de l'Onu chargée des réfugiés palestiniens. "Honnêtement, les besoins humanitaires dans le monde atteignent un niveau sans précédent dans l'histoire récente, compte tenu de ce qu'il se passe au Mali, aux Philippines, au Soudan du Sud, en Syrie et en Irak. Nous sommes tous en concurrence pour obtenir les mêmes fonds", explique-t-il à Reuters. D'après les médias israéliens, l'aviation a largué 3.000 tonnes de bombes sur l'enclave lors des quinze premiers jours de l'opération "Bordure protectrice", dont 120 tonnes sur la seule ville de Chedjaïa, entre la ville de Gaza et la frontière israélienne, où vivaient autrefois 100.000 habitants. Les bombardements ont conduit à un déplacement important de population: plus de 140.000 personnes ont trouvé refuge dans des écoles gérées par l'Unrwa et des milliers d'autres se sont abrités chez des proches. (Simon Carraud pour le service français, édité par Henri-Pierre André)