Gaza : dans l’hôpital al-Chifa, ce que l’on sait de l’opération militaire d’Israël en cours

Des patients et soignants à l’hôpital al-Chifa, à Gaza-ville, le 10 novembre 2023.
- / AFP Des patients et soignants à l’hôpital al-Chifa, à Gaza-ville, le 10 novembre 2023.

GAZA - L’hôpital al-Chifa, à Gaza-ville, se trouve ce mercredi 15 novembre au cœur du conflit entre le Hamas et Israël. L’établissement médical, le plus important de la bande de Gaza, où s’entassent des milliers de patients, soignants et réfugiés, est considéré comme un site militaire stratégique du Hamas par Israël et les États-Unis.

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Dans la nuit de mardi à mercredi, l’armée israélienne est passée à l’action en lançant une opération « ciblée et de précision (...) dans un secteur spécifique de l’hôpital » contre les membres du mouvement terroriste qui y sont présents. L’ONU a réagi en se disant « horrifiée » par ce nouveau raid israélien.

L’armée israélienne dispose sur place « d’équipes médicales et de personnes parlant arabe qui ont été entraînées spécifiquement pour cet environnement sensible et complexe et ce dans le but qu’aucun tort ne soit causé aux civils utilisés par le Hamas comme boucliers humains », a ajouté Tsahal sans préciser ses cibles.

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Dans la journée de ce mercredi, des dizaines de soldats israéliens, certains cagoulés et tirant en l’air, ordonnent ainsi aux Gazaouis réfugiés dans l’hôpital de se rendre. Selon un journaliste de l’AFP présent sur place, des soldats israéliens lancent dans des haut-parleurs, en arabe avec un fort accent : « Tous les hommes de 16 ans et plus, levez les mains en l’air et sortez des bâtiments vers la cour intérieure pour vous rendre ».

Aussitôt, des centaines de jeunes sortent des différents services de l’immense complexe situé dans l’ouest de Gaza-ville. Un millier de personnes se sont ainsi retrouvées sur la grande esplanade de l’hôpital, mains en l’air. Certains ont été déshabillés par des soldats israéliens.

À l’intérieur, dans les couloirs des différents départements d’al-Chifa, dont la construction remonte à 1946 et où opèrent des équipes de Médecins sans frontières (MSF), les soldats tirent en l’air en allant de pièce en pièce, recherchant visiblement des combattants du Hamas.

Des femmes, des enfants en pleurs sont fouillés. D’autres doivent passer sous une borne équipée d’une caméra de reconnaissance, les mêmes qui ont été installées le long des couloirs d’évacuation vers le sud de la bande de Gaza, selon le journaliste.

Des chars israéliens sont aussi désormais entrés à l’intérieur du complexe, postés devant différents services dont celui des urgences.

Pour Israël, cette opération ne viole pas le droit international

Dans la nuit de mardi à mercredi, le ministère de la Santé dans la bande de Gaza avait indiqué avoir été notifié par l’armée israélienne de son intention de mener une opération dans cet hôpital au cœur du conflit entre le Hamas et l’armée israélienne.

« Nous tenons l’occupation (nom donné par le Hamas à Israël, NDLR), la communauté internationale, les États-Unis entièrement responsables de la sécurité des milliers de membres des équipes médicales, blessés, déplacés dans l’enceinte. Nous mettons en garde contre un massacre à l’hôpital », avait indiqué le ministère.

L’armée israélienne estime que l’hôpital al-Chifa abrite des infrastructures stratégiques du Hamas, qui se sert selon elle de la population comme de « boucliers humains ».

Renchérissant sur des affirmations de son allié israélien, la Maison Blanche a assuré mardi que le Hamas et l’autre groupe islamiste palestinien du Jihad islamique avaient « un centre de commandement et de contrôle depuis l’hôpital al-Chifa ».

« L’adoption par la Maison Blanche et le Pentagone du faux récit de l’occupation selon lequel la résistance utilise le complexe médical al-Chifa à des fins militaires a donné le feu vert à l’occupation pour commettre davantage de massacres contre les civils », a affirmé le Hamas, classé « terroriste » par les États-Unis, l’Union européenne et Israël.

« Les hôpitaux et les patients doivent être protégés », a réagi un porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, disant ne pas vouloir commenter l’opération israélienne en cours mais assurant que Washington s’opposait à des « échanges de tirs dans un hôpital où des personnes innocentes, démunies, malades cherchant à recevoir des soins ».

Pour Israël, cette opération dans un hôpital ne viole pas le droit international, alors que l’Autorité palestinienne pense le contraire. « Nous avons indiqué à plusieurs reprises que l’utilisation continue de l’hôpital al-Chifa à des fins militaires par le Hamas allait mener à la fin de sa protection en regard du droit international », a déclaré le porte-parole de l’armée israélienne Daniel Hagari peu avant l’opération.

L’armée israélienne a dit avoir « fait savoir aux autorités compétentes de Gaza que toutes les activités militaires au sein de l’hôpital devaient cesser dans les 12 heures » mais que cela « n’avait malheureusement pas été le cas ».

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