Le gaz et le nucléaire des énergies « vertes » selon ce label UE ? Ces ONG portent l’affaire en justice

Une centrale nucléaire allemande (image d’illustration)
Une centrale nucléaire allemande (image d’illustration)

ENVIRONNEMENT - Plusieurs ONG environnementales ont attaqué ce mardi 18 avril devant la justice de l’UE le label « vert » accordé par la Commission européenne au gaz, Greenpeace déposant une plainte distincte dénonçant l’extension au nucléaire de cette classification des investissements jugés durables.

ClientEarth, le WWF, Transport&Environment (T&E) et l’organisation allemande BUND ont déposé devant la Cour de justice de l’UE une plainte contre le refus de Bruxelles d’éliminer le gaz de sa « taxonomie de la finance durable ».

Ce texte, présenté par l’exécutif européen en janvier 2022 et adopté six mois plus tard, fixe les critères permettant de considérer comme « durables » des investissements, avec pour objectif d’orienter les fonds privés vers les activités réduisant les émissions de gaz à effet de serre.

« Aussi absurde qu’illégal »

Le texte inclut la production d’électricité nucléaire - qui n’émet pas de CO2 - et les centrales électriques au gaz parmi les investissements pouvant bénéficier de la finance verte, sous conditions et à titre transitoire, les jugeant nécessaires pour accompagner l’essor des énergies renouvelables intermittentes (éolien, solaire...) et la décarbonation du continent.

Or, « le gaz fossile est une source d’énergie à haute teneur en carbone lorsqu’il est brûlé (...) Son extraction et son transport entraînent également la libération de méthane », gaz à effet de serre au pouvoir réchauffant 80 fois plus puissant que le CO2 sur 20 ans, ont déploré les quatre ONG dans un communiqué commun.

« C’est aussi absurde qu’illégal, cela sape fondamentalement la crédibilité de l’action climatique de l’UE. Le gaz n’est ni propre, ni bon marché, ni une source d’énergie sûre », font-elles valoir, pointant le risque « d’aggraver la dépendance de l’UE » aux énergies fossiles importées et onéreuses.

Les énergies renouvelables pénalisées

Cette taxonomie contrevient aux « obligations de l’accord de Paris » sur le climat et est en « contradiction avec les politiques d’institutions financières » publiques comme la Banque européenne d’investissement, ont-elles assuré, redoutant que le texte « canalise les investissements supplémentaires » vers le gaz au détriment des renouvelables.

De façon distincte, l’ONG Greenpeace a déposé ce mardi un recours devant la CJUE contre l’inclusion du gaz mais également du nucléaire dans la taxonomie des « investissements durables », dénonçant un « faux label » risquant de « détourner les financements verts de leurs objectifs ».

« L’inclusion des activités nucléaires entraîne des dommages significatifs pour l’environnement, ce qui est expressément interdit » par la législation que la Commission était censée traduire avec cette classification, soutient Roda Verheyen, juriste de Greenpeace.

L’inclusion de l’atome civil dans la « taxonomie verte » avait vivement divisé les Vingt-Sept, suscitant l’opposition de l’Allemagne et d’une poignée de pays membres, dont l’Autriche et le Luxembourg - ces deux pays ont également saisi la CJUE sur ce point.

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