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Gauguin, Van Gogh, Rembrandt... 5 grands maîtres de la peinture croqués par le cinéma

"Gauguin - Voyage à Tahiti", est là pour nous le rappeler : le cinéma a toujours réservé une place de choix aux génies de la peinture. De Van Gogh à Séraphine en passant par Rembrandt, retour sur cinq grands maîtres croqués par le cinéma.

C'est sa rencontre avec "Noa Noa", carnet de voyages écrit par Paul Gauguin après son premier séjour à Tahiti en 1893, qui a donné envie à Edouard Deluc de faire un film centré sur cet artiste. "C’est un objet littéraire d’une grande poésie, un récit d'aventures, entre autre, d’un souffle romanesque assez fou. C’est une sorte de journal intime, d’une grande humanité, sur son expérience Tahitienne, qui mêle récit, impressions, pensées, questionnements politiques, questionnements artistiques, croquis, dessins et aquarelles. C’est enfin et surtout une sorte de somptueuse déclaration d’amour à Tahiti, aux Tahitiens, à son Êve Tahitienne. Je l’ai découvert lors de mes études aux Beaux-Arts, le texte est toujours resté dans ma bibliothèque comme le fantôme d'un film possible" explique le réalisateur.

Pour autant, Edouard Deluc a cherché à adapter librement "Noa Noa", c'est à dire que tout ce que le film donne à voir est vrai, mais parfois romancé. Dans cette oeuvre, Vincent Cassel -formidable soit dit en passant- incarne un Gauguin plus vrai que nature, ne vivant que par et pour son art auquel il sacrifie tout; même sa famille et par-dessus tout sa santé. Un film qui jette une lumière bouleversante sur une partie de la sombre vie de cet immense artiste, hanté par la misère et l'indéfectible malédiction que fit peser la société sur cet homme libre.

Ci-dessous, la bande-annonce du film...

Paul Gauguin a plusieurs fois été joué par un acteur dans un film. C'est le cas de La Vie passionnée de Vincent van Gogh (1956) de Vincente Minnelli avec Anthony Quinn dans le rôle de Gauguin, Gauguin, le loup dans le soleil (1986) d'Henning Carlsen avec Donald Sutherland, Vincent et Théo (1990) de Robert Altman avec Wladimir Yordanoff ou encore Gauguin (2003) de Mario Andreacchio avec Kiefer Sutherland.

Du maître de l’Ecole hollandaise Rembrandt à l’impressionniste Auguste Renoir, en passant par le peintre expressionniste norvégien Edvard Munch, sans oublier les artistes plus contemporains comme Jackson Pollock, Frida Kahlo ou Jean-Michel Basquiat pour ne citer que cette toute petite poignée d'exemples, le cinéma a toujours réservé une place de choix aux génies de la peinture. La sortie de Gauguin - Voyage à Tahiti nous offre ainsi le prétexte pour revenir sur cinq grands maîtres illustrés au cinéma.

Séraphine

Les biopics consacrés à des génies féminins de la peinture sont trop rares pour que l’on se prive de ne pas mentionner dans cette courte liste Séraphine. Le film de Martin Provost fit un triomphe absolu aux Césars 2009, en remportant pas moins de sept récompenses, dont le César du Meilleur film. A travers une mise en scène sobre et rigoureuse, c’est évidemment la composition de l’actrice Yolande Moreau qu’il faut saluer, justement récompensée par le César de la Meilleure actrice pour son extraordinaire composition, totalement habitée et illuminée dans son incarnation de cette femme blessée. Une très grande artiste, autodidacte et sensible, dont les œuvres, inspirées notamment d’images pieuses, étaient gorgées de lumière et de couleurs, ce qui fut parfois interprété comme le reflet de son état psychique.

Ci-dessous, la bande-annonce du film :

Van Gogh

Si les scénaristes n’ont pas hésité à prendre des libertés avec la réalité historique et biographique de cet immense artiste-peintre obsédé par son art, Van Gogh a régulièrement été incarné au cinéma. On peut ainsi citer l’une des plus fameuses incarnations, celle de Kirk Douglas dans La Vie passionnée de Vincent Van Gogh, signé par Vincente Minnelli en 1956. Anthony Quinn, qui donne la réplique à Douglas et prête ses traits au peintre Paul Gauguin, sera d’ailleurs récompensé par l’Oscar du Meilleur second rôle. Martin Scorsese, qui fait rarement l’acteur, l’a pourtant été en 1990 sous la direction de l’immense Akira Kurosawa dans Rêves. Si on peut relever les interprétations de Tchéky Karyo dans Vincent et moi et Tim Roth dans Vincent et Théo, tous deux sortis en 1991, on retiendra surtout cette année-là celle d’un Jacques Dutronc très habité –et césarisé- dans le remarquable Van Gogh de Maurice Pialat, qui se concentre sur les derniers jours du peintre venu se faire soigner chez le docteur Gachet à Auvers-sur-Oise. Un artiste à la santé mentale de plus en plus précaire, partagé entre création intensive et désespoir.

Ci-dessous, la bande-annonce du film de Maurice Pialat...

 

Frida

Et voici un autre portrait d'une femme d'exception. Sorti en 2003, Frida retrace la vie mouvementée de Frida Kahlo, artiste peintre mexicaine du XXe siècle qui se distingua par son oeuvre surréaliste, son engagement politique en faveur du communisme et sa bisexualité. Le film se concentre également sur les relations tumultueuses de Frida avec son mari, le peintre Diego Rivera, et sur sa liaison secrète et controversée avec Léon Trotski. Un projet né dans la douleur, qui a mis près de deux décennies à voir le jour depuis la publication en 1983 du roman Frida de Hayden Herrera. C’est aussi grâce à la ténacité de Salma Hayek, transfigurée dans le rôle-titre, que le film a pu voir le jour. Celle-ci cherchait à adapter le roman depuis 1993. Mais, alors âgée de 27 ans à l’époque, elle s’estima finalement trop jeune pour endosser les habits de l’artiste-peintre dont les toiles s’arrachent dans le monde entier.

Ci-dessous, la bande-annonce du film...

 

Rembrandt et La ronde de nuit

Quoique dans une proportion moindre que Van Gogh, l’artiste Rembrandt, considéré comme un des plus grands peintres de l’histoire de l’art baroque européen, a été régulièrement évoqué au cinéma. Dès 1936 en fait, avec Rembrandt, sous la direction du solide metteur en scène Alexandre Korda et porté par le toujours impeccable Charles Laughton. En pleine guerre, l’Allemagne nazie produira en 1942 une Vie ardente de Rembrandt, signée Hans Steinhoff. Si Klaus Maria Brandauer incarnait un Rembrandt vieillissant en 1999 dans le film éponyme, il faut ajouter à ce tableau l’étonnante Ronde de nuit en 2008, mis en scène par Peter Greenaway.

Un cinéaste très singulier, qui a construit une carrière jalonnée d'oeuvres ambitieuses, expérimentales, souvent cruelles et violentes, dont la mise en scène privilégie la lenteur et le sublime jusqu'à créer un malaise chez le spectateur. Au-delà du fait que le film porte le nom du célébrissime tableau peint par le maître en 1642, c’est surtout l’élégance et la forme de l’œuvre de Greenaway, lui-même artiste peintre et plasticien, qui frappe. Ce film est d’ailleurs le premier d’une trilogie consacrée aux plus célèbres peintres flamands. Le second est sorti en 2014 en France, sous le titre Goltzius et la compagnie du Pélican, qui retrace une partie de la vie du peintre du XVIe siècle Hendrik Goltzius.

Ci-dessous, la bande-annonce de la "Ronde de nuit"...

 

Mr. Turner

Etonnant choix que celui du cinéaste britannique Mike Leigh de faire un film consacré au peintre Joseph M.W. Turner, celui que l’on surnomma à juste titre «le peintre de la lumière», et considéré comme un précurseur de l’impressionnisme. Un choix étonnant, d’abord parce que le réalisateur est finalement peu coutumier du genre biopic, exception faite de son film insolite Topsy – Turvy (2000), qui retraçait la vie des compositeurs d'opéra Gilbert et Arthur Sullivan. Ensuite parce que le cinéaste est surtout connu pour avoir bâti une œuvre très régulièrement traversée par la noirceur. Dans Mr. Turner toutefois, Mike Leigh s’attarde sur les dernières années du peintre, membre apprécié mais très dissipé de la Royal Academy of Arts. Le rôle-titre est d’ailleurs incarné avec justesse par un des acteurs fétiches du cinéaste, Timothy Spall, qui tourne pour la cinquième fois sous sa direction, et qui a remporté le Prix d’interprétation au Festival de Cannes en 2014.

Ci-dessous, la bande-annonce du film...