Gas Natural a contacté EDP en vue d'une fusion de 35 milliards d'euros

par Andrés González

MADRID (Reuters) - L'espagnol Gas Natural est entré en contact avec son concurrent portugais EDP en vue d'une fusion qui donnerait naissance au numéro quatre européen des services aux collectivités en termes de capitalisation boursière, ont dit lundi des sources proches du dossier.

Les discussions relatives à cette transaction, qui pourrait représenter 35 milliards d'euros, en sont encore à un stade préliminaire et rien ne garantit qu'ils aboutiront, ont poursuivi les sources, même si le président de Gas Natural Isidre Faine a déjà sondé son homologue portugais Antonio Mexia au sujet d'un rapprochement.

Les deux entreprises sont complémentaires à la fois géographiquement et dans leur manière de générer de l'électricité : EDP s'est fortement développé dans les énergies renouvelables tandis que Gas Natural reste ancré dans l'électrité produite à partir de gaz ou de charbon.

En Amérique latine, l'entreprise espagnole est bien positionnée au Chili et au Mexique tandis que le groupe portugais est implanté au Brésil et a également une présence aux Etats-Unis.

"La combinaison des deux entreprises est une perspective assez attrayante étant donné que Gas Natural a des lacunes aussi bien dans la génération d'électricité en Amérique latine que dans les renouvelables", a dit un actionnaire de l'un des deux groupes.

EDP a refusé de commenter l'information tandis que Gas Natural a dit ne pas être en discussions de fusion avec le groupe portugais.

Dans la péninsule ibérique, une fusion entre les deux groupes les mettrait sur le même plan que les géants français Engie et EDF et non loin derrière les poids lourds que sont Enel et Iberdrola.

CONTEXTE POLITIQUE FAVORABLE

Et ce rapprochement pourrait également déclencher une vague, attendue depuis longtemps, de consolidation parmi les grands noms européens du secteur des "utilities", qui cherchent à grossir et à faire des renouvelables leurs principales sources de revenus.

Cependant, toute tentative de rendre le marché européen de l'électricité moins fragmenté a jusqu'ici suscité les inquiétudes des autorités de la concurrence, qui redoutent de voir un mouvement de fusions & acquisitions se traduire par une hausse des prix pour les consommateurs.

Certains observent toutefois que le contexte politique est plus favorable à une telle consolidation, avec notamment un nouveau président français Emmanuel Macron très favorable à la création de champions européens.

Le président du gouvernement espagnol Mariano Rajoy et le Premier ministre portugais Antonio Costa s'efforcent de leur côté d'améliorer les connexions entre les réseaux électriques de deux pays ainsi que celles avec le reste de l'Europe.

Une fusion entre Gas Natural et EDP serait le dernier exemple en date de la volonté de la holding Criteria, actionnaire direct ou indirect de Gas Natural, de Caixabank, d'Abertis, de Repsol ou encore de Telefonica, de restructurer son portefeuille.

Criteria, également dirigé par Isidre Faine, veut se focaliser sur de plus petites participations dans des entreprises plus grandes, troquant ainsi une perte d'influence contre des retours sur investissements plus élevés.

(Benoit Van Overstraeten pour le service français)