Comment "Gangsta's Paradise" de Coolio est devenu un classique de l'histoire du hip-hop

Comment "Gangsta's Paradise" de Coolio est devenu un classique de l'histoire du hip-hop

Des violons empruntés au répertoire de Stevie Wonder et un texte, qui débute par un extrait de la Bible. En août 1995, le monde de la musique découvrait le morceau Gangsta's Paradise.

Alors que son auteur, le rappeur américain Coolio est mort ce jeudi 29 septembre, à l'âge de 59 ans, retour sur l'histoire d'un hit qui s'est imposé comme un classique du hip-hop aux États-Unis.

Un morceau inédit pour l'époque

Au début des années 90, le hip-hop se prépare à exploser aux États-Unis. À la radio, les auditeurs découvrent les débuts du rap dit mainstream porté notamment par des artistes tels que Public Enemy, Nas ou The Notorious B.I.G mais le genre musical est encore loin de la reconnaissance populaire.

C'est dans ce contexte que Coolio imagine Gangsta's Paradise. Le titre emprunte sa mélodie au morceau Pastime Paradise de Stevie Wonder (1976) et relate la vie tragique de la rue.

En mélangeant hip-hop et pop en vogue, Gangsta’s Paradise révolutionne à l'époque l'univers du rap américain et offre aux auditeurs de nouvelles sonorités jusqu'alors peu explorées dans le genre musical.

Seul problème, après avoir entendu les paroles du titre, qu'il qualifie de "chanson de gangster", Stevie Wonder refuse l'utilisation de son morceau par Coolio. Contraint de faire des compromis, le rappeur réécrit donc certains passages pour donner à Gangsta’s Paradise un message davantage lyrique.

"Sa seule consigne était que je devais retirer les gros mots. J'avais deux endroits où il y avait le N-word, et deux passages où je disais quelque chose comme, "F**ked in the ass", ou un truc comme ça. Stevie a dit que si j'enlevais ça, il signerait. Sans que je le sache, l'autre condition était qu'il voulait toucher 95 % des droits sur le titre", avait déclaré Coolio au magazine Rolling Stone dans une interview en 2017.

Cette consonance renforcée par la présence d'extrait des psaumes dans le texte et la prestation gospel du chanteur L.V sur le refrain du titre, permettra notamment au morceau de toucher un large public.

Récompensé par un Grammy Award

Sorti sur la B.O du film Esprits rebelles avec Michelle Pfeiffer, Gangsta’s Paradise devient rapidement le single le plus vendu de l'année 1995. Il se hisse aux sommets des classements musicaux dans plus d'une quinzaine de pays et détrône notamment You Are Not Alone de Michael Jackson États-Unis et Dieu m'a donné la foi d'Ophélie Winter en France.

Le clip du morceau, réalisé par Antoine Fuqua, reprend des scènes d'Esprits rebelles avec l'actrice, alors au sommet de sa gloire. Cette vidéo, qui a atteint le milliard de vues en juillet 2022, a par la suite été récompensée par le prix MTV de la meilleure vidéo rap et le Grammy Award de la meilleure performance rap en 1996, poussant davantage le morceau sous les projecteurs.

Un titre intemporel

Considéré par beaucoup comme un one-hit wonder (artiste rendu célèbre par un seul morceau) Coolio n'a jamais réussi, dans la suite de sa carrière, à égaler l'ampleur du succès de Gangsta's Paradise.

Réinterprété et samplé par de nombreux artistes de différentes générations mais également utilisé dans la pop culture (Sonic, le film, Bojack Horseman, Valérian et la Cité des mille planètes, Need For Speed 2015...) Gangsta's Paradise a traversé l'histoire de la musique, devenant un incontournable du hip-hop.

Pourtant, dans une interview à l'émission britannique The Voice plus de dix ans après la sortie du titre, Coolio confiait qu'il ne se doutait pas que sa chanson aurait subsisté pendant tant d'années.

"Je n'ai pas écrit Gangsta's Paradise. C'est elle qui m'a écrit... C'était sa propre entité, là-bas dans le monde des esprits, qui essayait de se frayer un chemin vers le monde, et elle m'a choisi comme vaisseau", assurait-il.

Article original publié sur BFMTV.com