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Surprise au SPD, que Schulz mènera à la bataille face à Merkel

Le président du Parti social-démocrate allemand et ministre de l'Economie, Sigmar Gabriel, ne briguera pas la chancellerie et propose que l'ex-président du Parlement européen Martin Schulz (photo) soit le candidat du SPD aux élections législatives de septembre. /Photo prise le 17 janvier 2017/REUTERS/Christian Hartmann

par Holger Hansen et Joseph Nasr BERLIN (Reuters) - Martin Schulz, ancien président du Parlement européen, a été désigné mardi candidat du Parti social-démocrate à la chancellerie allemande lors des élections législatives de septembre prochain face à Angela Merkel. La décision, annoncée par le présidium du SPD, doit encore être entérinée par les instances du parti, qui se réuniront dimanche prochain. "Le SPD a une mission, améliorer notre pays", a déclaré Schulz en début de soirée à Berlin, promettant devant la presse de mener une campagne pour la justice et la cohésion, contre les divisions du pays, ébranlé notamment par la question de l'accueil des réfugiés et la montée du sentiment anti-européen qu'incarne le parti Alternative für Deutschland (AfD). Le présidium du SPD a entériné la proposition de son actuel président, Sigmar Gabriel, ministre de l'Economie dans le gouvernement de coalition, qui a estimé que Martin Schulz, 61 ans, était mieux placé que lui pour tenter de priver Merkel d'un quatrième mandat à la tête du gouvernement. "Si je me présentais, j'échouerais et le SPD avec moi", a expliqué Gabriel, 57 ans, dans une interview publiée par le magazine Stern. Son désistement en faveur de Schulz a surpris les observateurs de la vie politique, même si les sondages montrent que l'ancien président du Parlement de Strasbourg, qui a démissionné de son poste au début du mois, obtiendrait plus de voix face à Angela Merkel le 24 septembre prochain. Schulz a précisé que les deux hommes s'étaient mis d'accord lors d'une conversation samedi dernier. Président du SPD depuis novembre 2009, Gabriel est depuis plus de trois ans vice-chancelier et ministre de l'Economie du gouvernement de "grande coalition" droite-gauche d'Angela Merkel, issu des législatives de septembre 2013. Dans la réorganisation du parti, Gabriel cède donc la présidence du SPD à Schulz. Il va également quitter le ministère de l'Economie et prendre en charge les Affaires étrangères, l'actuel chef de la diplomatie allemande, le social-démocrate Frank-Walter Steinmeier, étant appelé à se faire élire au poste honorifique de président de la République fédérale le 12 février prochain par les parlementaires en vertu d'un accord conclu avec les chrétiens démocrates de Merkel. Le ministère de l'Economie sera repris par son adjointe, Brigitte Zypries. Dans son interview accordée à Stern, Sigmar Gabriel exprime ses doutes sur la "grande coalition" formée avec la CSU et invite le SPD à y réfléchir à deux fois avant de répéter l'expérience. Il explique notamment que le SPD n'a pas pu convaincre ses partenaires chrétiens démocrates d'abandonner leur politique d'austérité qu'il juge "dangereuse pour l'Allemagne". Ces politiques menées par Angela Merkel et son ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, dit-il, "ont sans nul doute contribué à aggraver les profondes crises survenues dans l'Union européenne depuis 2008, ont isolé le gouvernement allemand et entraîné, en insistant sans cesse sur l'austérité, la hausse du chômage hors d'Allemagne". Elles ont aussi eu pour conséquence, ajoute-t-il, "de renforcer les partis populistes anti-européens et d'abîmer non seulement la démocratie mais aussi le climat d'investissement". (avec Madeline Chambers et Thomas Krumenacker; Jean-Stéphane Brosse, Gilles Trequesser et Henri-Pierre André pour le service français)