Gabriel Matzneff : la retraite secrète du paria

Matzneff, chassé du boulevard Saint-Germain par ceux-là mêmes qui l’avaient placé sur le mont Parnasse, a choisi un confortable exil dans un hôtel balnéaire en Italie pour méditer sur sa déchéance.

Il se lève tôt et déjeune légèrement, quelques biscottes, un café noir. Sur sa table, on peut lire son nom, Matzneff. Puis il se fait masser, le spa lui est réservé pendant une heure. Une éclaircie, et il part marcher sur la plage. Gabriel Matzneff s’est organisé une échappée bon chic bon genre, en Italie, au bord de la Méditerranée, dans un quatre-étoiles où il a ses habitudes depuis dix ans.

L’écrivain y séjourne depuis le début du mois de janvier, depuis que « Le consentement », le livre de Vanessa Springora, a révélé ce que beaucoup savaient déjà : ses pratiques pédophiles. Son exil ressemble à une cavale ; derrière lui, il a tout laissé, les copains, le scandale, les poursuites lancées par le parquet de Paris. L’homme de 83 ans passe le temps dans une chambre avec vue sur mer, il lit beaucoup et écrit peu. « Ici tout le monde est au courant de ses histoires avec des très jeunes, mais personne ne sait si c’est vrai », dit une Italienne, masseuse de l’hôtel.

Voilà l’ancien mondain reclus, solitaire, caché dans une station balnéaire au charme décati

« Paris lui manque, son petit appartement et Saint-Germain-des-Prés, nous dit l’un de ses amis. Les bruits de la polémique lui parviennent étouffés, nous ne lui racontons pas tout, il ne lit pas la presse française, ni les réseaux sociaux. » Voilà l’ancien mondain reclus, solitaire, caché dans une station balnéaire au charme décati, agrippé à ses souvenirs, ceux d’une vie où il était aimé, applaudi, si peu décrié. Il lui reste sa routine de vieux garçon, une ascèse diététique qui ne tolère que le poisson grillé et les légumes vapeur, une existence minutée dans laquelle il fuit le monde et sa réalité.

Gabriel Matzneff a vu sa fin arriver. Début décembre, il sait que(...)


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