Gabriel Attal s’oppose à un gouvernement NFP (même sans LFI)

Gabriel Attal, Premier ministre (démissionnaire) photographié à Matignon le 31 juillet.
LUDOVIC MARIN / AFP Gabriel Attal, Premier ministre (démissionnaire) photographié à Matignon le 31 juillet.

POLITIQUE - La présence de ministres LFI dans un gouvernement du Nouveau Front populaire n’était-elle qu’un prétexte pour censurer Lucie Castets ? À en croire un message envoyé par Gabriel Attal aux députés du groupe qu’il préside ce lundi 26 août, l’opposition à la formation d’un gouvernement piloté par la coalition arrivée en tête le 7 juillet dépasse manifestement la question de la participation (ou non) de La France insoumise.

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Alors que Jean-Luc Mélenchon a affirmé que son mouvement était prêt à ne pas être représenté dans un gouvernement formé par le NFP pour éviter tout blocage, le Premier ministre démissionnaire y perçoit un « simulacre d’ouverture », voire « un coup de force » opéré par le leader insoumis. « Ce que propose Jean-Luc Mélenchon, c’est enlever un nom sur la devanture de la boutique, mais ne rien changer à ce qu’il y a à l’intérieur. Nous ne pouvons pas l’accepter », estime le député des Hauts-de-Seine dans un message que Le HuffPost a pu consulter.

Sans surprise, le premier concerné n’a pas manqué de réagir, en accusant le Premier Ministre démissionnaire d’affaiblir le chef de l’État. « Je suis juste le prétexte pour lui d’une autre opération. Pour ceux que les intrigues de palais intéressent, admirez comment Attal ruine l’opération de rencontre du président avec tous les partis représentés à l’Assemblée. Il lui impose une autre méthode de travail. Bref : Attal pousse Macron dehors », a répliqué illico Jean-Luc Mélenchon, jouant sur les relations notoirement glaciales entre le chef de l’État et le président du groupe macroniste à l’Assemblée.

« LFI accepte de ne pas entrer au gouvernement, c’est un “coup de force” qui implique la censure de tout le NFP… Dès lors, comment qualifier le président d’un groupe appartenant à une coalition qui a fait huit points de moins que le NFP et qui prétend continuer à gouverner ? », a renchéri Olivier Faure, premier secrétaire du PS.

Vers une ouverture ?

Reste que, dans son message, Gabriel Attal semble entrouvrir une porte. « Avec le secrétaire général de Renaissance Stéphane Séjourné, nous avons dit au président que, si nous sommes prêts à des compromis, nous continuons à nous opposer de toutes nos forces à l’application unilatérale du seul projet de LFI et du NFP », a-t-il écrit, assurant que l’application stricte du programme de la gauche entraînerait une « censure inévitable », à laquelle participeraient ses troupes.

Or, depuis sa désignation par les partenaires de la gauche, Lucie Castets explique justement faire du programme du Nouveau Front populaire un objectif et une base de travail pour essayer de bâtir des coalitions de projets, et non une fin non négociable. « Je me tiens prête à construire ces coalitions », assurait-elle encore vendredi au sortir de l’Élysée. Ainsi, les mots choisis par Gabriel Attal laissent entendre que, malgré les mots durs à l’encontre de la gauche, son groupe pourrait se montrer magnanime si le NFP montrait effectivement des signes d’ouverture.

Il faut dire qu’en réalité, la situation semble difficile à dénouer, alors que l’ex-majorité marche sur un fil. Accusé de faire cause commune avec le RN pour barrer la route au NFP, au mépris du « front républicain » mis en place au second tour des législatives, le camp présidentiel ne peut pas non plus apparaître comme étant l’élément bloquant. Et ce d’autant plus que le NFP, qui se considère libéré du chantage formulé par la Macronie concernant la présence de ministres insoumis, augmente la pression sur Emmanuel Macron. Ce lundi, les responsables de la gauche ont fait savoir qu’ils ne retourneront à l’Élysée uniquement pour discuter « des modalités d’une cohabitation » avec un gouvernement dirigé par Lucie Castets.

Au sein de l’ex-majorité, cetains appellent d’ailleurs la Macronie à revoir sa position. « Le Président de la République devrait donc nommer comme Premier(e) ministre une personnalité issue de ses rangs. La non-participation - fondamentale - des Insoumis au gouvernement débloque cette situation à condition de considérer que le programme du NFP (conçu pour une majorité absolue qu’il n’a pas) ne peut être mis en oeuvre en totalité », a estimé sur le réseau social X le député de la Vienne Sacha Houlié.

En rupture avec son camp, cette figure de de l’aile gauche de la Macronie résume les choses ainsi : « les élus d’Ensemble (Renaissance, MODEM, Horizons) ne peuvent conserver la posture d’un rejet en bloc d’une gauche de gouvernement, qui revient à nier le scrutin. Ceux du NFP doivent proposer un programme de majorité relative pour les prochaines semaines afin de tenir compte de la même réalité électorale ». Pour l’instant, nous n’y sommes pas.

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