G7: Macron pense que Trump a "pris conscience" des enjeux sur le climat

Le président américain Donald Trump, qui a été isolé samedi au sein du G7 sur le changement climatique, est un pragmatique qui a pris conscience des enjeux du phénomène et l'on peut espérer qu'il change de position, a déclaré samedi Emmanuel Macron. /Photo prise le 27 mai 2017/REUTERS/Philippe Wojazer

par John Irish TAORMINE, Italie (Reuters) - Le président américain Donald Trump, qui a été isolé samedi au sein du G7 sur le changement climatique, est un pragmatique qui a pris conscience des enjeux du phénomène et l'on peut espérer qu'il change de position, a déclaré samedi Emmanuel Macron. "Il y a quelque semaines encore, on pensait que les Etats-Unis allaient quitter le cadre des accords de Paris (sur le climat-NDLR) et qu'aucune discussion ne serait possible", a estimé le chef de l'Etat à l'issue de la réunion de Taormine. "Je considère qu'il y a eu un progrès et qu'il y a eu une vraie discussion et de vrais échanges. Et je pense que les arguments qui ont été mis en lumière par les six autres Etats membres ont été extrêmement complémentaires et, je crois, ont permis à M. Trump de prendre conscience de l'importance de cet enjeu et de sa nécessité, y compris pour sa propre économie." Les chefs d'Etat du G7 se sont engagés samedi à lutter contre le protectionnisme, surmontant les résistances de Donald Trump qui continue à développer sa position de "l'Amérique d'abord", thème sur lequel il a été élu, mais ne sont pas parvenus à s'accorder sur la question de la lutte contre le réchauffement climatique. Si les Etats-Unis ont paru faire quelques concessions sur la question des relations commerciales, ils restent isolés sur celle du climat, exigeant de leurs partenaires plus de temps pour décider s'ils vont honorer les engagements pris lors de la COP21 en 2015 à Paris. Le président français a fait état d'un "désaccord profond" avec Donald Trump mais, contrairement à la chancelière allemande Angela Merkel, qui a fait part de sa déception sur le climat, Emmanuel Macron a voulu positiver, récusant par exemple l'image d'un G7 qui n'aurait été qu'un "6+1". "Je ne veux pas entrer dans une logique d'un 6+1 parce qu'on irait dans le sens d'une fragmentation des démocraties et des grandes puissances économiques, ce qui n'irait pas dans le sens de nos intérêts", a-t-il dit lors de sa conférence de presse. "Il y a des désaccords qui s'expriment autour de la table. Il y en a eu un, en tout cas à ce stade, sur le climat. J'espère que nous continuerons à réduire cet écart." TRUMP, UN "PRAGMATIQUE" Le président américain a annoncé après la réunion sur son compte Twitter qu'il prendrait sa "décision finale sur l'Accord de Paris la semaine prochaine". Pour Emmanuel Macron, Donald Trump est un "pragmatique" qui est venu au G7 pour "écouter" et "apprendre", ce qui lui donne "bon espoir" de le voir prendre une décision positive, comme il l'a fait selon lui en signant la déclaration du G7 qui condamne le protectionnisme, un des chevaux de bataille de sa campagne. Le président français a dit avoir expliqué à son homologue américain qu'on ne pouvait à la fois vouloir lutter contre le terrorisme et ignorer le changement climatique, qui déplacé des millions de personnes dans les pays africains. "Le sujet climatique est un sujet de déstabilisation régionale" en Afrique, a-t-il expliqué. "Ce G7 a pu montrer à qui pouvait en douter que le climat n'est pas un sujet accessoire ou qui pourrait être réservé à d'autres." Il a souligné que la Chine, l'autre grand pollueur de la planète avec les Etats-Unis, avait, elle, changé d'attitude. "La Chine a pris ses responsabilités en matière climatique. Si nous décidions de ne pas les prendre, notre responsabilité sur le plan moral, politique et économique serait immense. Je pense que ce serait une erreur", a dit Emmanuel Macron. Adopté le 12 décembre 2015 lors de la 21e Conférence des parties à la convention climat, l'accord de Paris jette les bases d'une maîtrise des émissions de gaz à effet de serre à l'origine des dérèglements climatiques. Il fixe le cadre d'engagements politiques, économiques et financiers visant à contenir la hausse de la température moyenne de la planète "nettement en dessous de 2°C" en 2100 par rapport aux niveaux pré-industriels. (avec Cyril Camu, édité par Yves Clarisse)