Publicité

« Moi, Gülbahar, rescapée des camps chinois pour Ouïgours »

Photo prise en mai 2019 d'une route du Xinjiang menant à un camp de rééducation où sont internés des Ouïgours.

« Le Point » a recueilli le témoignage d'une femme passée par les camps de rééducation au Xinjiang. Elle raconte l'horreur de l'internement à la chinoise.

Gülbahar Jelilova vient d'arriver sur le sol français. Cette femme de 56 ans, mère de quatre enfants, va demander l'asile politique en France avec son plus jeune fils pour être protégée des persécutions que lui fait subir depuis trois ans le pouvoir chinois. Citoyenne kazakhe d'origine ouïgoure, Gülbahar est l'une des rares rescapées des camps de « rééducation » chinois à oser témoigner de ce qu'elle y a enduré. Le Point l'a rencontrée à Istanbul, avant son arrivée en France. Entretien

Le Point : Comment vous êtes-vous retrouvée dans ces camps de prisonniers chinois ?

Gülbahar Jelilova : Je suis citoyenne du Kazakhstan, mais je fais du commerce avec le Turkestan oriental voisin (le Xinjiang pour la Chine). Depuis vingt ans, je m'y rendais plusieurs fois par mois, j'en rapportais des marchandises que je vendais dans des boutiques au Kazakhstan. Même pendant les émeutes qui ont éclaté à Urumqi, la « capitale » de la région, en 2009, je n'ai jamais eu de problèmes. Je suis entrée, comme d'habitude, en mai 2017. Là, des policiers m'ont emprisonnée à Urumqi. J'ai été attachée sur une chaise de torture pendant toute une journée, de 8 heures à 23 heures. On m'a accusée d'avoir donné 17 000 yuans (environ 2 000 dollars) à une terroriste. En guise de preuves, on m'a montré des messages en chinois, mais je suis russophone, je ne parle pas chinois. Ils ont fouillé dans mon téléphone sans rien trouver. On m'a demandé si j'étais allée en Turquie, si je faisais la prière [...] Lire la suite

Ce contenu peut également vous intéresser :