Moi, Gérard, maire d’une commune sans habitant

Dans la région de Verdun, plusieurs édiles détiennent un mandat sans être passés par la case élection. Des maires pourtant (presque) comme les autres.

A un mois du premier tour des municipales, l’énergie de milliers de maires sortants est toute entière consacrée à leur réélection. Il en est pourtant six qui n’ont rien à craindre du jugement des électeurs. Et pour cause… ils n’en ont pas ! Il ne s’agit point d’une de ces anomalies administratives dont la France a le secret. Plutôt d’une curiosité politique héritée de l’Histoire.

Lors de la bataille de Verdun, une poignée de bourgs situés au beau milieu de la zone des combats sont anéantis et vidés de leurs habitants. Au sortir de la Grande Guerre, une loi de 1919 les déclare « villages morts pour la France » et dote chacun d'eux d’un maire chargé de préserver leur souvenir. Faute d’administrés, les édiles de ces six communes fantômes (il s’agit de Bezonvaux, Haumont-près-Samogneux, Beaumont-en-Verdunois, Cumières-le-Mort-Homme, Fleury-devant-Douaumont et Louvemont-Côte-du-Poivre) sont nommés par le préfet, sur proposition du conseil départemental de la Meuse.

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Depuis près de 20 ans, Gérard Gervaise administre l’une de ces communes « mémorielles », Haumont-près-Samogneux. Le père de cet ingénieur retraité de 84 ans y est né en 1905, quand le village comptait encore quelques 150 habitants. S’il ne subsiste sur place qu’un mur du cimetière municipal ainsi qu’une chapelle et un monument aux morts (tous deux érigés dans les années 1930), le « job » de monsieur le premier magistrat n’est pas qu’honorifique.

Assisté de deux adjoints, le « président de la commission municipale » (son titre exact) est chargé de diverses missions : préserver le site, organiser des cérémonies du souvenir, tenir l’état civil pour les descendants d’habitants qui auraient besoin d’actes ou encore…(...)


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