Gérald Darmanin "s'étouffe" quand il entend le terme de "violences policières"

Gérald Darmanin lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, le 28 juillet 2020 - STEPHANE DE SAKUTIN © 2019 AFP
Gérald Darmanin lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, le 28 juillet 2020 - STEPHANE DE SAKUTIN © 2019 AFP

Le choix des mots passe mal. Devant la Commission des lois de l'Assemblée nationale, Gérald Darmanin a réfuté mardi, à l'instar de ses prédécesseurs, la réalité du terme de "violences policières", estimant que la police exerçait "une violence légitime".

"Quand j'entends le mot 'violences policières', personnellement je m'étouffe", a déclaré le ministre de l'Intérieur face aux députés.

"La police exerce une violence certes mais une violence légitime. (...) Elle doit le faire de manière proportionnelle, elle doit le faire de manière encadrée. Que quelques personnes le fassent en dehors des règles déontologique, la sanction doit être immédiate", a-t-il ajouté, en appelant au sociologue Max Weber qui avait théorisé un État "détenteur de la violence physique légitime".

Un terme "antinomique", pour Darmanin

"Mais il est normal que les policiers et gendarmes soient armés, interviennent par la force, pour que la force reste à la loi de la République et pas celle des bandes ou des communautés", selon lui.

Pour le ministre, le terme "violences policières" est "antinomique":

"Il peut y avoir des dérives, qu'on doit sanctionner et je pense que le gouvernement les sanctionne et s'il ne le fait pas, la presse, les syndicats, les parlementaires rappellent à la hiérarchie policière, au ministre de l'Intérieur, ce qu'il doit faire et c'est bien légitime", a-t-il estimé.

Le vocable employé par Gérald Darmanin, "j'étouffe", a engendré de nombreuses réactions, notamment sur les réseaux sociaux, alors que les "violences policières" ont régulièrement été dénoncées lors des manifestations de gilets jaunes et plus récemment lors de marches en hommage à Adama Traoré ou Cédric Chouviat, morts à la suite d'interventions des forces de l'ordre.

La famille de Cédric Chouviat demande des excuses

Selon les vidéos de l'interpellation de Cédric Chouviat, avant de mourir aux mains des policiers, ce dernier avait dit à plusieurs reprises "j'étouffe". Aux États-Unis, fin mai, George Floyd, un homme noir mort asphyxié lors d'une interpellation, avait dit "I can't breathe" ("Je ne peux pas respirer").

"Vous venez, monsieur Darmanin, de dépasser toutes les limites de la décence. Vous m'étiez indifférent. Plus maintenant. À bientôt sous d'autres auspices", a réagi sur Twitter Me Arié Alimi, l'avocat de la famille de Cédric Chouviat.

La soeur de Cédric Chouviat, Cynthia Chouviat, a demandé par le même canal des excuses au ministre de l'Intérieur, tandis que de nombreux observateurs dénonçaient les mots de Gérald Darmanin.

Article original publié sur BFMTV.com