Gérald Darmanin estime que "le petit blanc vote Le Pen" et que le "petit beur vote Mélenchon"
L'ancien ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, regrette que le camp présidentiel "ait été très mauvais sur les discriminations" qu'il juge comme l'un des facteurs du vote pour La France insoumise (LFI) tout comme la demande de la "reconnaissance de l'état palestinien".
Une analyse très tranchée. Après sa rentrée politique à Tourcoing ce dimanche, Gérald Darmanin, désormais redevenu simple député du Nord, délivre ses observations du paysage électoral hexagonal.
"Pour faire très vite, le petit blanc vote Le Pen, et le petit beur vote Mélenchon parce qu'on est très mauvais sur les discriminations", avance ainsi l'ancien ministre de l'Intérieur ce lundi 30 septembre sur France inter.
La veille il avait déjà déclaré: "personne ne peut accepter le naufrage démocratique de la France populaire qui se jette dans les bras de la démagogie communautaire des extrêmes qui nous divisent, laissant le p'tit blanc voter pour Le Pen et le p'tit Beur voter pour Gaza".
Le vote Le Pen, de plus en plus puissant chez les cadres
Plusieurs travaux électoraux se sont penchés ces derniers mois sur le ressort du vote en faveur du Rassemblement national (RN) et nuancent en partie le constat de Gérald Darmanin.
Si le soutien à Marine Le Pen est surrepresenté chez les ouvriers (54% des voix aux dernières européennes) tout comme chez les employés (40%) - ce qu'appelle donc Gérald Darmanin "le petit blanc"-, les cadres votent de plus en plus RN, d'après une note de la Fondation Jean Jaurès.
Le mouvement a ainsi enregistré des gains supérieurs à 50% chez les cadres, passant en 2019 de 13% à 20% des voix. Même constat chez les retraités où le vote RN a largement pénétré cette catégorie, longtemps rétive à ce soutien (un vote en hausse de 7% entre les législatives de 2022 et de 2024).
"L'archipel électoral mélenchoniste"
Gérald Darmanin est également revenu ce lundi matin sur les ressorts du vote La France insoumise. Le soutien à Jean-Luc Mélenchon et ses députés s'expliqueraient "parce qu'on est très mauvais sur les discriminations et aussi parce qu'ils (les électeurs de Jean-Luc Mélenchon) attendent de nous la reconnaissance de l'état palestinien et qu'en même temps nos compatriotes juifs attendent la protection de l'état d'Israël."
La position très forte de LFI sur "la situation à Gaza", pilonnée depuis les attaques du 7 octobre 2023 par le Hamas, a bien été retenue parmi les principaux déterminants du vote par 22% des 18-24 ans contre 6% sur l'ensemble des électeurs d'après un sondage Ipsos.
Le vote LFI est cependant beaucoup plus divers que ce que juge Gérald Darmanin. "Jean-Luc Mélenchon fédère à la fois des professions intellectuelles du public (enseignants, chercheurs, professions de la culture), mais aussi des petits indépendants et des classes moyennes et populaires, du secteur privé comme du public", juge ainsi Jérôme Fourquet dans une note pour la Fondation Jean Jaurès.
De quoi pousser le politologue à qualifier le soutien à l'ex candidat à la présidentielle "d'archipel électoral".
Une macronie "en rupture avec les personnes modestes"
Plus largement, c'est la jeunesse qui représente la part la plus importante de l'électorat insoumis avec 36% des voix des 18-24 ans contre 18% pour Marine Le Pen en 2022.
Ces derniers jours, Gérald Darmanin a mis le cap sur ce qu'il appelle "la France populaire". Lors de la passation de pouvoir avec son successeur, Bruno Retailleau le 23 septembre, il a appelé à "regarder les choses en face" sur le racisme en France.
"Si je m'étais appelé Moussa Darmanin", le prénom de son grand-père, "je n'aurais pas été élu maire et député et, sans doute, n'aurais-je pas été ministre de l'Intérieur du premier coup", a ainsi jugé l'ex locataire de la place Beauvau.
"Notre immense responsabilité est d'écrire, pour l'avenir, le récit social du bloc central", a encore encore avancé le député du Nord dimanche, regrettant que le camp présidentiel soit "en rupture avec les personnes modestes, les Français populaires, les travailleurs".
De quoi le pousser à créer un "lieu de réflexion, que tout le monde peut rejoindre", baptisé "Populaires".