En Géorgie, la présidente dénonce une « répression russe » avec des « forces spéciales droguées »
Les manifestations de ces derniers jours ont été déclenchées par la décision du pouvoir de repousser à 2028 les ambitions du pays d’intégrer l’Union européenne.
GEORGIE - Que se passe-t-il en Géorgie ? Depuis plusieurs nuits, des manifestations ont lieu dans plusieurs villes du pays pour protester contre le gouvernement. Celui-ci a exclu l’organisation de nouvelles législatives comme le réclame l’opposition, et a repoussé à 2028 les ambitions du pays d’intégrer l’Union européenne.
Géorgie : une marée humaine déferle à Tbilissi après la suspension de sa demande d’adhésion à l’UE
Des dizaines de milliers de manifestants pro-UE sont mobilisée depuis quatre nuits. Mais la mobilisation est fortement réprimée de quoi suscité la colère de la présidente géorgienne, Salomé Zourabichvili, qui dénonce une « répression russe » avec des « forces spéciales droguées ».
Interrogée au micro de France Inter ce lundi, cette ancienne diplomate française a déclaré que ces agents recevaient des « amphétamines, ou je ne sais pas ce qu’on leur donne, pour que leur brutalité soit exacerbée, ainsi que leur résistance ». Alors que la journaliste de France Inter souligne les nombreuses arrestations et blessés, Salomé Zourabichvili précise que certains manifestants ont été arrêtés dans leur propre domicile par la police.
"Nous avons une répression russe, avec des forces spéciales, de toute évidence droguées (...) pour que leur brutalité soit exacerbée, et leur résistance aussi", affirme @Zourabichvili_S. #le710inter pic.twitter.com/LbWTA2I8bc
— France Inter (@franceinter) December 2, 2024
Canons à eau et gaz lacrymogène
La Géorgie, ex-république soviétique, est dans la tourmente depuis les législatives du 26 octobre, remportées par le parti au pouvoir du Rêve géorgien mais dénoncées comme entachées d’irrégularités par l’opposition, qui boycotte le nouveau Parlement. Ses opposants dénoncent un gouvernement pro-russe.
Ces rassemblements à Tbilissi et dans d’autres villes ont été réprimés par la police, qui a procédé à plus de 150 interpellations. Des dizaines de policiers ont été blessés par des projectiles et pétards jetés par les manifestants.
En début de soirée, des groupes de policiers, protégés par des boucliers, ont actionné des canons à eau pour disperser la foule, sans grand succès : des manifestants se prenaient par la main et dansaient en ronde, et un petit groupe s’est tenu immobile sous un déluge d’eau, en tenant un grand drapeau géorgien. D’autres envoyaient des feux d’artifice en direction des policiers, impassibles derrière leurs boucliers de protection.
En fin de soirée, la police antiémeute est intervenue en force, ayant recours au gaz lacrymogène et aux canons à eau pour disperser les manifestants dont certains, aux cris de « Fuck Russia ! », ont érigé des barricades avec des poubelles qu’ils ont incendiées.
Levan Khabeïchvili, à la tête du principal parti d’opposition, le Mouvement national uni, a lui dit à des journalistes avoir été pris à partie par une quinzaine de policiers masqués, qui ont tenté de l’interpeller avant qu’il ne parvienne à fuir grâce à d’autres manifestants.
La présidente refuse de rendre son mandat
Un nouveau scrutin est réclamé par les partis d’opposition tout comme par la présidente, qui a annoncé qu’elle refuserait de rendre son mandat à la fin de l’année tant que de nouvelles législatives n’auront pas lieu.
« Bien sûr que non », a répondu le Premier ministre Irakli Kobakhidzé aux journalistes qui lui demandaient si le gouvernement, accusé de dérive autoritaire pro-russe, accepterait d’organiser de nouvelles élections.
Des centaines de fonctionnaires, notamment des ministères des Affaires étrangères, de la Défense et de l’Éducation ainsi que des juges, ont publié des déclarations communes en signe de protestation contre la décision du gouvernement de repousser les discussions sur l’adhésion du pays à l’UE.
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