En Géorgie, Kesaria Abramidzé, influenceuse et actrice trans, tuée après le vote d’une loi LGBTphobe
GEORGIE - Elle avait représenté son pays au concours Miss Trans Star International en 2018. Ce jeudi 19 septembre, les autorités de Tbilissi ont annoncé enquêter sur la mort d’une célèbre influenceuse transgenre, Kesaria Abramidzé, suspectant un assassinat lié à son identité de genre. Son meurtre revêt une dimension particulière, alors que le Parlement vient d’adopter une loi restreignant les droits des personnes LGBTQ.
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Kesaria Abramidzé, également actrice et mannequin, a succombé à « de multiples coups de couteau » mercredi 18 septembre à son domicile, a indiqué le ministère de l’Intérieur. « Une enquête est menée sur un “meurtre prémédité commis avec une cruauté particulière et des circonstances aggravantes liées au genre” », a-t-il ajouté dans un communiqué.
Le ministère a également précisé avoir arrêté un suspect, identifié par des médias locaux comme le petit ami de l’influenceuse âgée de 37 ans, qui était suivie par plus de 500 000 personnes sur Instagram.
Kesaria Abramidzé, première personnalité publique à avoir évoqué sa transition de genre, avait accusé par le passé les pouvoirs publics de ne pas lutter efficacement contre la violence conjugale. En avril dernier, elle avait écrit sur les réseaux sociaux qu’elle subissait la violence de son partenaire, prise dans une « relation toxique depuis deux ans ». Affirmant craindre pour sa vie, elle assurait avoir été contrainte de se réfugier temporairement à l’étranger. « Non au féminicide qui est devenu si fréquent dans notre pays ! », avait-elle martelé.
Vigil outside Georgia's Parliament building for Kesaria Abramidze, a trailblazer trans woman who was brutally murdered in Tbilisi yesterday. #lgbt pic.twitter.com/vepH9sUOVQ
— Otar Kobakhidze / ოთარ კობახიძე (@OttoKobakhidze) September 19, 2024
Une législation similaire à ce qui existe en Russie
Le Parlement géorgien a adopté mardi 17 septembre un texte de loi sur les « valeurs familiales » et contre la « propagande des relations homosexuelles », dénoncé par l’Union européenne et des organisations de défense des droits humains comme allant à l’encontre des droits de la communauté LGBT+. Rien n’indique pour l’heure que la mort de Kesaria Abramidzé est liée à cette législation.
Le texte de loi, similaire à ce qui existe en Russie, a été approuvé par les députés du parti au pouvoir, Le Rêve géorgien, lors d’un vote boycotté par l’opposition, en plein virage conservateur et anti-occidental du gouvernement. Le texte interdit « la propagande des relations homosexuelles et de l’inceste » dans les établissements d’enseignement et les émissions de télévision, et restreint aussi les « rassemblements et manifestations ». Le parti du Rêve géorgien accuse l’Occident de saper les « valeurs traditionnelles » géorgiennes, une formule également employée régulièrement par le président russe Vladimir Poutine.
La présidente Salomé Zourabichvili, pro-occidentale et en rupture avec le gouvernement du Rêve géorgien, a condamné « l’horrible meurtre » de Kesaria Abramidzé. « Cette tragédie doit réveiller la société géorgienne », a-t-elle écrit sur Facebook. Le bureau du commissaire géorgien aux droits humains a lui estimé, dans un rapport daté de 2022, que la communauté LGBT + était victime de « discrimination et de violences persistantes » dans ce pays du Caucase.
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