Féminicide à Epinay: le parquet veut que les victimes soient toujours averties des sorties de prison

Un protocole pour informer "systématiquement" les victimes quand leur agresseur sort de détention sera conclu "très rapidement", selon des informations obtenues ce mardi auprès du parquet de Bobigny, après un féminicide à Épinay-sur-Seine où la victime ignorait que son ex-conjoint violent avait été libéré.

"Un protocole permettant d'assurer systématiquement l'information des victimes relatives aux sorties de détention, non seulement lorsque les textes le prévoient, mais surtout dans toutes les autres situations, sera conclu très rapidement" après "l'analyse précise des raisons" du drame, a déclaré le parquet.

L'auteur avait acheté un couteau

Cette annonce fait suite à la mort d'une femme, poignardée à mort vendredi soir alors qu'elle rentrait chez elle. Son ex-compagnon, principal suspect, a été mis en examen lundi pour "meurtre par conjoint" et placé en détention provisoire.

En garde à vue, l'homme de 51 ans a "globalement reconnu les faits" mais nié être venu dans l'intention de tuer la victime, bien qu'il avait acheté un couteau de cuisine avant le rendez-vous.

Déjà condamné en juillet pour violences sur cette mère de famille quadragénaire, il était retourné en détention en octobre suite à la révocation d'une partie de son sursis.

Une précédente visite du suspect

Malgré l'interdiction, il s'était en effet rendu devant le domicile de cette femme qui avait activé son téléphone grave danger, un service de téléassistance pour solliciter d'urgence l'intervention des forces de l'ordre.

Il avait finalement été libéré le 17 novembre, ce qu'ignorait la victime. Elle n'avait pas son téléphone grave danger sur elle le soir des faits.

"Rien ne permet d'affirmer que la victime ait été avisée de la sortie de son ex-conjoint de la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis", neuf jours avant les faits, a reconnu le parquet, soulignant toutefois la "détermination particulière" du suspect.

"Un échec collectif"

Dans cette affaire, le juge d'application des peines n'avait pas "l'obligation" d'informer la victime. "Avec le recul, il aurait été préférable de le faire, et ce drame est vécu comme un échec collectif", a précisé le parquet.

"De ce malheur, il faut faire un dispositif pour qu'aucune victime ne puisse être agressée quand un auteur sort de prison sans qu'elle soit avertie", a réagi auprès de l'AFP Ernestine Ronai, militante féministe et responsable de l'Observatoire départemental de Seine-Saint-Denis des violences envers les femmes.

Une marche en hommage à Bouchra partira le 9 décembre au pied de la tour où elle est décédée.

Article original publié sur BFMTV.com