La future loi immigration voulue par Bruno Retailleau divise déjà la Macronie
POLITIQUE - Une énième loi immigration et déjà des questions. En annonçant vouloir présenter un texte semblable à celui voté l’année dernière, mais qui avait été partiellement censurée par le Conseil constitutionnel, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a mis le feu en Macronie.
Divisé entre une aile droite et une autre plus progressiste, le camp présidentiel pourrait une nouvelle fois se déchirer. À l’image de ce qui s’était passé en 2023, quand plusieurs ministres avaient mis leur démission dans la balance et une poignée de députés voté contre le projet de loi. « Je ne propose rien de plus que ce qui a déjà été voté par la majorité de Gabriel Attal », a pourtant pris soin de préciser le locataire de Beauvau ce mardi 15 octobre. Suffisant pour gagner la confiance des troupes macronistes ? Pas si sûr.
Plusieurs députés Ensemble pour la République (EPR), le nouveau nom du groupe Renaissance, montrent ainsi leur gêne, voire leur opposition, face aux propos du nouveau locataire de la place Beauvau. « En mélangeant tous les sujets, on fait le lit du RN », s’agace par exemple l’ex-ministre Roland Lescure dans une interview aux Échos. Il explique : « Le Parlement a dû voter 30 lois sur l’immigration au cours des quarante dernières années. Je ne pense pas que c’est avec une 31e qu’on réglera les problèmes. »
Un texte de 2023 même pas appliqué
D’autant que la loi votée l’an dernier n’est que partiellement appliquée, car plusieurs de ses pans n’ont toujours pas été promulgués. « Ce dont nous avons besoin c’est de la mise en œuvre du pacte asile et migration européen et de l’application de loi de décembre 2023, certainement pas d’une nouvelle loi basée sur des fondements populistes », fulmine à cet égard le député EPR du Val-de-Marne Guillaume Gouffier. Même Gabriel Attal s’est montré peu enthousiaste à l’idée de repartir pour plusieurs semaines de débat sur ce thème fétiche de la droite et de l’extrême droite. L’ancien Premier ministre a d’ailleurs enjoint au nouveau gouvernement de mettre complètement en application la dernière loi votée avant d’en envisager une autre.
Parmi les mesures retoquées par le Conseil constitutionnel que Bruno Retailleau espère pour sa part voir remises sur la table figure la diminution des droits sociaux des immigrés afin, défend-il, que la France soit « moins attractive ». On comptait aussi la transformation de l’aide médicale d’État en aide « d’urgence ».
Mais le député Stéphane Vojetta, qui a voté en faveur du texte présenté l’an dernier, explique l’avoir fait « uniquement » car il savait que « les dingueries populistes que [Bruno Retailleau] et [ses] collègues sénateurs [avaient] introduites dans le texte seraient annulées par le Conseil Constitutionnel ». Raison pour laquelle, dans un tweet, il s’adresse aujourd’hui directement au ministre de l’Intérieur : « Vous n’êtes plus dans l’opposition, comportez-vous en tant que ministre et proposez au Parlement une loi efficace. Pas un tract électoral voué une nouvelle fois à la censure ». Un tacle sévère, alors que EPR et LR sont censés travailler main dans la main, forts de leur appartenance au « socle commun » vanté par Michel Barnier. Ludovic Mendes, député EPR de Moselle, accuse même Retailleau de « faire de la communication » et de « ne pas travailler avec le Parlement ». Le groupe vit bien.
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