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Fusillade au Texas lors d'un concours de dessins sur l'islam

par Jon Herskovitz et David Schwartz GARLAND, Texas (Reuters) - Deux hommes, dont l'un était connu des services antiterroristes selon des médias américains, ont ouvert le feu dimanche soir au Texas aux abords d'un concours de caricatures représentant le prophète Mahomet, avant d'être abattus par un policier. La fusillade s'est produite à Garland, dans la banlieue de Dallas, sur le parking du Curtis Culwell Center où se tenait, en présence de Geert Wilders, figure de l'extrême droite néerlandaise, un concours de dessins sur le thème du prophète de l'islam. Le contexte rappelle les attentats menés en Europe contre les auteurs de caricatures du prophète de l'islam, notamment la fusillade du 7 janvier dans les locaux de l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo puis les attaques du 14 février à Copenhague. Deux policiers qui ont requis l'anonymat ont précisé que l'un des deux assaillants était Elton Simpson, un homme originaire de l'Arizona surveillé depuis 2006. Il avait été condamné en 2010 pour avoir menti au FBI sur son désir d'aller en Somalie faire le djihad. Son domicile à Phoenix a fait l'objet d'une perquisition dans la nuit. L'autre assaillant est un certain Nadir Soofi, colocataire de Simpson, selon des sources proches de l'enquête. Les policiers pensent qu'Elton Simpson est l'auteur de tweets envoyés avant l'attaque, dont le dernier disait, dans un mélange d'anglais et d'arabe: "Mon frère et moi-même avons prêté allégeance au commandeur des croyants. Qu'Allah nous accepte en tant que moudjahidine (...)" L'expression "commandeur des croyants" pourrait se référer au "calife" autoproclamé de l'organisation Etat islamique (EI) en Syrie et en Irak, Abou Bakr al Baghdadi. Ce message n'apparaît plus sur Twitter. UNE "GUERRE CONTRE LA LIBERTÉ D'EXPRESSION" D'après la société SITE, qui surveille l'activité des groupes islamistes sur internet, un djihadiste britannique de l'EI, Junaid Hussain, alias Abou Hussain al Britani, a lui aussi fait référence à l'attaque sur le site de microblogging: "Deux de nos frères viennent d'ouvrir le feu sur l'exposition artistique sur le prophète Mahomet au Texas". Arrivés en voiture alors que la manifestation était sur le point de se terminer, les deux hommes ont ouvert le feu à l'arme automatique sur un véhicule de police garé sur le parking du centre, avant de tomber sous les balles d'un policier de la circulation, qui n'était pas en service, a déclaré Joe Harn, porte-parole de la police de Garland. "Il a fait du bon boulot", a-t-il ajouté. Selon Joe Harn, les forces de l'ordre étaient au courant de l'exposition depuis des mois et les organisateurs de la manifestation avaient déboursé 10.000 dollars pour en assurer la sécurité. Des démineurs, des hommes du FBI, du SWAT et du Bureau de l'alcool, des tabacs, armes à feu et explosifs (ATF) étaient tous sur place dimanche soir pour parer à tout incident. Un des deux suspects, blessé dans un premier temps, a tenté de s'emparer d'un sac à dos avant d'être tué par les forces de l'ordre, a raconté sur CNN le maire de Garland, Douglas Athas. Le véhicule des deux tireurs a été passé au crible et des artificiers ont sécurisé le secteur. Aucune bombe n'a été retrouvée dans la voiture, a précisé Joe Harn. Quelque 200 personnes se trouvaient encore à l'intérieur des locaux quand la fusillade a eu lieu. Elles n'ont réalisé ce qui se passait que lorsque la police a pénétré dans le bâtiment pour leur demander de rester à l'intérieur. L'American Freedom Defense Initiative (AFDI), organisation controversée à l'origine de ce concours de dessins et de caricatures, a estimé que cette attaque s'inscrivait dans le cadre d'une "guerre contre la liberté d'expression". ORGANISATION D'EXTRÊME DROITE CONTROVERSÉE "Qu'allons-nous faire ? Allons-nous nous livrer à ces monstres ?", ajoute l'organisation dans un communiqué mis en ligne sur sa page Facebook. Des mesures de sécurité renforcées avaient été prises par la municipalité pour entourer le Mohammad Art Exhibit and Contest, un concours de dessins et de caricatures du prophète doté d'un prix de 10.000 dollars pour le vainqueur. Ce concours était présenté par ses organisateurs comme une défense de la liberté d'expression. Pour d'autres organisations, comme le Southern Poverty Law Centre, spécialisé dans l'étude des milieux d'extrême droite et des associations incitant à la haine, l'objectif de l'AFDI est de répandre la haine contre l'islam. Dans son discours diffusé sur le site internet de l'AFDI, Geert Wilders explique les raisons qui l'ont conduit à soutenir le concours de caricatures, affirmant que les représentations du prophète, et la violation ce faisant d'un des grands tabous de l'islam, était un acte libérateur. "Notre message aujourd'hui est très simple. Nous n'autoriserons jamais la barbarie, nous n'autoriserons jamais l'islam à nous voler notre liberté d'expression", a-t-il dit. La présidente de l'AFDI, Pamela Geller, est connue pour ses prises de position contre l'islam. En 2010, elle avait organisé un défilé à New York sur le site où devait être construit un centre islamique, près de l'emplacement du World Trade Center, détruit par les attentats du 11 septembre 2001. Elle a expliqué sur Fox News avoir choisi le Curtis Culwell Center parce que la même salle avait accueilli, une semaine après l'attaque contre Charlie Hebdo, une conférence sur la lutte contre l'islamophobie organisée par des associations musulmanes américaines. (avec Frank McGurty à New York; Danielle Rouquié, Henri-Pierre André, Jean-Stéphane Brosse, Tangi Salaün et Guy Kerivel pour le service français)