Fuite de Carles Puigdemont: pourquoi deux policiers catalans ont-ils été interpellés?
Où est passé Carles Puigdemont? Quelques minutes après son retour triomphal dans les rues de Barcelone au terme d'un exil belge de sept ans, le leader indépendantiste, après avoir tenu un discours devant plusieurs milliers de personnes, s'est engouffré dans un véhicule blanc et a disparu, déjouant l'imposant dispositif policier pourtant mis en place pour organiser son interpellation.
"Le dispositif prévoyait une arrestation menée de manière proportionnée et au moment le plus approprié afin de ne pas générer de troubles à l'ordre public", ont indiqué les Mossos d'Esquadra, les forces de l'ordre, dans un communiqué.
Ce vendredi 9 août, un juge a officiellement demandé des explications à la police et au gouvernement après la disparition de Puigdemont. Le juge Llarena, qui a émis le mandat d'arrêt visant Carles Puigdemont, réclame notamment des éclaircissements sur le dispositif policier à Barcelone pour comprendre son "échec", et sur les moyens mis en oeuvre pour repérer et arrêter Carles Puigdemont à la frontière avant son apparition de jeudi.
Complicités internes
Depuis cette séquence, de nombreuses questions se posent, en particulier au sein des Mossos d'Esquadra, qui étaient en charge d'encadrer l'événement et d'arrêter le leader indépendantiste. Une enquête a été ouverte en interne afin d'estimer si Puigdemont a pu bénéficier ou non de complicités parmi les forces de l'ordre.
Comme l'indiquent plusieurs médias dont El Periodico, les investigations ont montré que le véhicule qui a servi à la fuite du leader indépendantiste, qui avait tenté de faire sécession avec l'Espagne en 2017, appartient à l'un de leurs membres. Il a été interpellé et sa femme, soupçonnée d'être la conductrice, est activement recherchée.
Quelques heures plus tard, c'est un second policier catalan qui a été également interpellé. Selon le même média, il aurait transmis des informations à l'équipe proche de Puigdemont, en marge de son discours.
Critiques
Comme l'estime pour sa part ABC, il est probable que d'autres interpellations aient lieu dans les heures à venir.
Outre-Pyrénées, le discours et la fuite de Puigdemont ont fait beaucoup de bruit et attisé les critiques. "C'est une honte pour tout le monde" que le leader indépendantiste ait pu s'échapper avec tel dispositif, ont dit plusieurs sources proches des Mossos, encore à ABC.
Vendredi encore, son avocat, Gonzalo Boye, a indiqué sur une radio locale que "Puigdemont se trouve en dehors de l'Etat" (espagnol, la dénomination donnée à l'Espagne par les nationalistes catalans). Selon une source proche de son parti, il aurait déjà regagné la Belgique et son domicile de Waterloo.
"Une humiliation insupportable. Une de plus. C'est douloureux d'assister en direct à ce délire, dont (le Premier ministre Pedro Sanchez) est le principal responsable", a fustigé sur X le président du Parti populaire (PP, droite) Alberto Núñez Feijóo.
Carles Puigdemont, toujours visé en Espagne par un mandat d'arrêt, l'avait promis maintes fois: malgré le risque d'être arrêté et envoyé en prison, il reviendrait pour la session d'investiture du nouveau président de l'exécutif régional catalan.
Malgré la loi d'amnistie négociée par Pedro Sanchez en échange du soutien de Junts per Catalunya (Ensemble pour la Catalogne), le parti de Carles Puigdemont, ce dernier est toujours recherché par la justice espagnole. Très critiquée par l'opposition, cette loi d'amnistie est au coeur de multiples débats juridiques et, le 1er juillet, la Cour suprême a décidé qu'elle ne s'appliquait qu'à certains des délits reprochés au dirigeant indépendantiste.