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Fuite berlinoise à hauteur d'enfant

Chaque vendredi, «Libération» fait le point sur l'actualité du livre jeunesse. Aujourd'hui, un classique de la littérature anglaise, autobiographique, signé Judith Kerr, qui raconte l'exil et de la montée du nazisme à travers les yeux d'Anna.

Le roman s’ouvre sur les rituels de la vie d’Anna : cette petite fille de 9 ans, en sortant de l’école, retrouve dans sa jolie maison de Berlin sa tendre mère, sa gouvernante aux petits soins et son père, un intellectuel célèbre qui écrit des articles et des essais. Un père qui travaille à la maison est un privilège : Anna et son frère Max peuvent entrer à leur guise dans son bureau pour lui parler. «Vati» est concentré mais toujours bienveillant. Néanmoins, dès les premières pages de ce classique de la littérature jeunesse réédité par Albin Michel, l’intranquillité monte dans la maison, Anna la sent. Sa famille est juive, nous sommes à Berlin en 1933 et l’arrivée au pouvoir de Hitler aura lieu dans quelques jours. Quand Hitler s’empara du lapin rose a été écrit en 1971 par Judith Kerr. L’auteure, née en 1923 en Allemagne, a pris la nationalité britannique. Anna, c’est Judith Kerr. Comme son héroïne, elle a fui Berlin avec sa famille et s’est installée au Royaume-Uni en 1936. Elle y habite toujours. En 1968, elle publia un best-seller qu’elle avait illustré, le Tigre qui s’invita pour le thé, traduit en français cette année seulement (Albin Michel).

Si Quand Hitler s’empara du lapin rose jouit d’une telle reconnaissance, y compris en France où l’Ecole des Loisirs l’édita pour la première fois en 1985, c’est que tout y est dit sur les prémices du nazisme et le climat berlinois en 1933, avec le ton idéal, dont la présence étonnante de Hitler dans un titre où il côtoie un doudou donne un échantillon. Sans pathos, à hauteur d’enfant ou à la manière d’un adulte qui parle d’égal à égal avec un enfant, Judith Kerr plante le sinistre décor : l’incendie du Reichstag attribué à des «révolutionnaires», la préparation cachée (...)

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