Fuite de Bachar al-Assad: Russie, Iran... La localisation du dictateur au cœur des interrogations
Dans la nuit du 7 au 8 décembre, l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) annonce que le dictateur syrien Bachar al-Assah, au pouvoir depuis près de 25 ans, a fui le pays devant l'arrivée des groupes rebelles dans Damas.
"Assad a quitté la Syrie via l'aéroport de Damas, avant le retrait des membres des forces armées et de sécurité" du site, a indiqué à l'AFP le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.
Une "nouvelle ère"
Quelques minutes plus tard, ce sont les rebelles eux-mêmes qui font part de la "fuite" du "tyran", et proclament la "Syrie libre". "Après 50 ans d'oppression sous le pouvoir du (parti) Baas, et 13 années de crimes, de tyrannie et de déplacements (forcés), (...) nous annonçons aujourd'hui la fin de cette période sombre et le début d'une nouvelle ère pour la Syrie", a expliqué la coalition.
Les scènes de liesse se sont rapidement multipliées dans les rues de la capitale syrienne, exsangue comme le reste de la Syrie depuis la guerre civile de 2011, violemment réprimée dans le sang par Bachar al-Assad.
Comme pour effacer toute trace de son régime, des statues à l'effigie de son frère et son père sont déboulonnées et piétinées, le palais présidentiel pillé et saccagé, à l'instar de sa résidence.
Où est Bachar al-Assad?
Pour autant, le départ de Bachar al-Assad pour une destination inconnue s'est déroulé dans la plus grande discrétion. Si un flou total règne sur la destination du dictateur, trois options s'offrent à lui, selon le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.
Il pourrait se rendre en Russie, soutien indéfectible qui a engagé son aviation dans la guerre en Syrie pour le remettre en selle. La Russie a affirmé qu'Assad avait "démissionné de son poste" et quitté le pays.
"Suite aux négociations entre Bachar al-Assad avec un certain nombre de participants au conflit armé sur le territoire de la Syrie, il a décidé de démissionner de son poste présidentiel et a quitté le pays en donnant l'instruction de procéder au transfert du pouvoir de manière pacifique", a déclaré la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova.
Destination également possible: l'Iran, autre allié qui a dépêché conseillers militaires et factions armées pour combattre au côté du pouvoir syrien.
Et enfin les Émirats arabes unis, un des premiers pays du Golfe à avoir rétabli des relations diplomatiques avec Damas en 2018, après les avoir rompues dans la foulée du conflit déclenché en 2011.
Interrogé à ce sujet, Anwar Gargash, conseiller du président des Émirats arabes unis, n'a pas nié pas qu'Assad s'était réfugié dans son pays.
"Lorsque les gens demandent où va aller Bachar al-Assad, je réponds qu'en y regardant de plus près, il s'agit d'une note de bas de page de l'Histoire", a-t-il ainsi déclaré.
Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, depuis le Doha Forum au Qatar, a lui déclaré que le président syrien était "probablement hors de Syrie".
Offensive éclair
Après l'annonce du départ d'Assad, des soldats de l'armée syrienne à Damas ont immédiatement retiré leur uniforme militaire, selon des témoignages des habitants recueillis sur place. Au début de leur offensive fulgurante lancée fin novembre, de violents combats ont opposé les rebelles aux forces du gouvernement, surtout durant les deux premiers jours, faisant des dizaines de morts dans les deux camps.
Les rebelles ont ensuite progressé à une vitesse éclair, sans rencontrer "aucune résistance notable" de la part des soldats, selon l'OSDH et les insurgés, qui ont ainsi conquis coup sur coup les grandes métropoles d'Alep, Hama et Homs dans le centre. Jusqu'à pénétrer dans Damas.
Le chef du gouvernement de Damas, qui a pris ses fonctions de Premier ministre en septembre, s'est dit disposé à coopérer avec tout nouveau "leadership" choisi par le peuple syrien pour une "passation" de pouvoir.