A la frontière allemande, contrôles renforcés mais pas de perturbations

Des policiers allemands surveillent la circulation à la frontière franco-allemande à Kehl, en Allemagne, juste en face de Strasbourg, le 16 septembre 2024 (SEBASTIEN BOZON)
Des policiers allemands surveillent la circulation à la frontière franco-allemande à Kehl, en Allemagne, juste en face de Strasbourg, le 16 septembre 2024 (SEBASTIEN BOZON)

Les policiers allemands ont commencé à appliquer lundi matin des contrôles renforcés aux frontières à Kehl, juste en face de Strasbourg, mais avec la volonté affichée de ne pas provoquer trop d'encombrements sur la route ni de retards dans les transports en commun.

La frontière entre la France et l'Allemagne est particulièrement ouverte en temps normal dans la capitale alsacienne, où une ligne de tram traverse le Rhin et dessert la ville allemande de Kehl, juste en face. Nombre de travailleurs frontaliers empruntent au quotidien les transports en commun pour traverser la frontière, dans les deux sens, quand ils n'utilisent pas tout simplement leur vélo.

Et si lundi la police allemande est particulièrement visible à la frontière, sur le bord de la route ou au premier arrêt de tramway côté allemand, les agents de la Bundespolizei s'attachent à ne pas entraver la circulation.

"Nous ne voulons pas perturber le trafic pendulaire de quelque manière que ce soit", explique Daniel Rosin, porte-parole de la police allemande. "Cela signifie que nous effectuons des contrôles intelligents, c'est-à-dire que nous ne procéderons pas à des contrôles complets, mais à des contrôles aléatoires. Les véhicules ne vont pas tous être contrôlés directement, mais en partie accompagnés à l'intérieur du pays pour y être contrôlés quelques centaines de mètres après la frontière."

- "Pas entraver la fluidité" -

"Nous allons donc effectuer des contrôles en uniforme et en civil. Si vous ne nous voyez pas forcément à la frontière, cela ne veut pas dire que nous ne contrôlons pas: nous contrôlons dans un rayon de 30 kilomètres", poursuit M. Rosin.

Les autocars et les camionnettes sont particulièrement visés par les autorités et les policiers ont contrôlé par exemple les passagers d'un Flixbus et d'un autocar BlaBlaCar.

Mais pas de bouchons sur le Pont de l'Europe qui traverse le Rhin, principal point de passage entre Strasbourg et Kehl, ville où nombre d'Alsaciens vont également faire leurs courses pour bénéficier de prix intéressants sur certaines denrées.

Et même volonté de la part de la Bundespolizei de ne pas entraver la fluidité des transports en commun pour les contrôles dans les tramways ou les trains régionaux: "Si un contrôle prend trop de temps et que la cadence est affectée, alors nos collègues montent dans les trains et y effectuent le contrôle (alors que les trains ont quitté la gare et poursuivent leur trajet, NDLR). C'est vraiment important pour maintenir la fluidité du trafic pendulaire, du trafic voyageurs et du trafic ferroviaire", reprend le porte-parole de la police.

"Cela me rappelle quand j'étais plus jeune, qu'il y avait des contrôles fréquents à la frontière", note René Hemmert, Strasbourgeois de 69 ans qui vient régulièrement à Kehl. "C'est une bonne chose, à cause des problèmes d'immigration qu'on a, ils ont totalement raison et on devrait faire pareil en France, il y en a marre de certains problèmes qu'on a, dans toute l'Europe. Mais après on ne peut pas imperméabiliser l'ensemble, c'est sûr."

- "Mesures coordonnées" -

Werner Rendigs, un Allemand de 75 ans, est d'accord: "Je pense que ces contrôles sont nécessaires. Je crois que c'est ce qu'on attend du gouvernement". "Je n'ai rien contre les étrangers mais il faut lutter contre l'insécurité", abonde sa femme, Elle Rendigs, 70 ans.

"Les mesures sont coordonnées avec les collègues français", précise Daniel Rosin, ajoutant que les deux polices coopèrent depuis "de nombreuses années."

"Les objectifs des mesures prises ici à la frontière entre la France et l'Allemagne sont la limitation de l'immigration, mais aussi bien sûr la lutte contre la criminalité liée aux passeurs", souligne le policier allemand alors que ses collègues contrôlent les passagers d'un tramway arrivant de Strasbourg.

Là, ils arrêtent un ressortissant roumain qui avait pris le tram pour venir faire ses courses. Déjà connu des services de police, celui-ci est fouillé, menotté et promptement embarqué par la Bundespolizei.

jus-bdx/bar/sk