Le front avec le Hezbollah, nouvel objectif de guerre d'Israël

Une photo prise depuis Israël le long de la frontière avec le sud du Liban montre de la fumée s'élevant au-dessus du village libanais de Wazzani après un bombardement israélien, le 16 septembre 2024 (Jalaa MAREY)
Une photo prise depuis Israël le long de la frontière avec le sud du Liban montre de la fumée s'élevant au-dessus du village libanais de Wazzani après un bombardement israélien, le 16 septembre 2024 (Jalaa MAREY)

Israël a annoncé élargir les objectifs de sa guerre de près d'un an contre le Hamas à Gaza, pour y inclure le front avec le Hezbollah le long de sa frontière nord avec le Liban.

Dans ce contexte explosif, le secrétaire d'Etat Antony Blinken est attendu mercredi en Egypte pour discuter d'une nouvelle proposition de compromis en vue d'un cessez-le-feu à Gaza et d'une libération des dizaines d'otages retenus dans le territoire palestinien, selon le département d'Etat.

Ces otages ont été enlevés lors d'une attaque sans précédent menée par le mouvement islamiste palestinien Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza avec des représailles militaires israéliennes ayant fait des dizaines de milliers de morts.

En "solidarité" avec le Hamas, son allié, le Hezbollah a ouvert un front avec Israël le 8 octobre provoquant un engrenage de violences quasi-quotidiennes qui a poussé à la fuite des dizaines de milliers d'habitants de part et d'autre de la frontière.

"Le cabinet politique et de sécurité a mis à jour les buts de la guerre, afin d'y inclure la section suivante: le retour en toute sécurité des habitants du nord (d'Israël) chez eux", a indiqué le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu dans la nuit de lundi à mardi dans un communiqué.

Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a été plus loin en déclarant que "l'action militaire" contre le Hezbollah était "le seul moyen de garantir le retour des habitants du nord d'Israël dans leurs foyers".

- "Zone de sécurité" au Liban? -

"La possibilité d'un accord s'éloigne car le Hezbollah continue de soutenir le Hamas", a-t-il dit à un émissaire américain en visite en Israël, Amos Hochstein.

En revanche, le département d'Etat américain a assuré qu'"une solution diplomatique est la bonne façon, et la seule façon, de ramener le calme dans le nord d'Israël".

Pour Michael Horowitz, expert géopolitique pour Le Beck, une société de conseil en sécurité basée au Moyen-Orient, "sans cessez-le-feu à Gaza, il n'y aura pas d’accord sur la question de la frontière avec le Liban. Pour Israël cela veut dire qu’il faut donc potentiellement se préparer à une résolution militaire d’autant que la pression continue de monter car des dizaines de milliers d’Israéliens restent déplacés".

"Il y a un consensus (en Israël) qu’une guerre pour éliminer complètement le Hezbollah sera extrêmement difficile, coûteuse et dangereuse car elle peut mener à un embrasement régional. Le but d’une opération militaire serait donc plus limité, notamment celui de créer une zone tampon dans le sud du Liban", a-t-il ajouté.

Le 7 octobre 2023, des commandos du Hamas ont mené une attaque sans précédent sur le sol israélien, qui a entraîné la mort de 1.205 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les chiffres officiels qui inclut les otages tués en captivité. Sur les 251 personnes enlevées pendant l'attaque, 97 sont toujours retenues à Gaza, dont 33 ont été déclarées mortes par l'armée.

En représailles, Israël a juré de détruire le Hamas qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007 et est considéré comme une organisation terroriste également par l'Union européenne et les Etats-Unis.

Son armée a lancé une offensive d'envergure qui a fait au moins 41.252 morts, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas à Gaza, qui ne détaille pas les combattants et civils tués.

- "Guerre d'usure" du Hamas -

Le chef du Hamas Yahya Sinouar a assuré que son mouvement était "préparé" à "mener une longue guerre d'usure" contre l'armée israélienne qui s'est emparée de vastes régions de la bande de Gaza et bombarde sans cesse le territoire palestinien assiégé et dévasté.

"Evidemment, nous condamnons tous les attaques terroristes du Hamas, ainsi que les prises d'otages", mais "la vérité est que rien ne justifie la punition collective de la population palestinienne" qui subit une souffrance "inimaginable", a déclaré lundi le patron de l'ONU, Antonio Guterres.

L'Assemblée générale de l'ONU va débattre à partir de mardi d'un projet de résolution palestinien exigeant la fin de l'occupation des territoires palestiniens dans les "12 mois", un texte qui a provoqué la colère d'Israël. Israël occupe la Cisjordanie et Jérusalem-Est depuis 1967.

Après des mois de négociations infructueuses pour parvenir à une trêve à Gaza, les Etats-Unis planchent, "en particulier avec l'Egypte et le Qatar", les deux autres pays médiateurs, sur une nouvelle proposition de compromis, a indiqué lundi Matthew Miller, le porte-parole du département d'Etat, sans la détailler.

bur/tp/ila