Fronde. En Tunisie, les ultras, aux avant-postes de la contestation

Ils sont soudés par leur passion du football, organisés et habitués à affronter la police. En 2011 comme aujourd’hui, les supporters ultras tunisiens sont au cœur des manifestations contre le pouvoir. Le site Alqatiba a plongé dans leur monde.

C’était à la 74e minute du match, sous la pluie et dans le froid. Sur les gradins, l’ambiance est électrique, et, sur le gazon, les deux équipes jettent leur dernière énergie dans la bataille, l’une pour préserver son avance, l’autre pour combler son retard. Mais soudainement, les lumières s’éteignent et le courant est coupé au stade d’El-Menzah, à Tunis. C’était le 8 avril 2010, date d’un fameux match entre l’Espérance sportive de Tunis et l’équipe de Hamam Lif [deux clubs de quartiers de l’agglomération de la capitale].

De nombreux chants de supporters continuent d’en perpétuer le souvenir. Il a constitué une date charnière pour les relations entre les ultras et l’appareil sécuritaire de l’État.

C’est à ce moment-là que l’autorité du régime, qui paraissait invincible, a été ébranlée, et que la mainmise policière, que la population imaginait omnipotente, s’est lézardée.

Entre ce 8 avril 2010 et aujourd’hui, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, mais qu’en est-il pour ces groupes des ultras qui représentaient l’une des résistances au régime de l’ancien président Zine El-Abidine Ben Ali ?

Fiers et solidaires

Le propre de ces ultras, c’est la passion sans borne qu’ils vouent à leur club. Jihad (le nom a été changé), trentenaire mais pas encore établi, a commencé à les fréquenter alors qu’il était encore adolescent, élève du secondaire. Il en parle avec nostalgie :

Petit garçon, j’étais déjà acquis au club de la capitale. Dès que j’ai été assez grand, je suis allé au stade avec des amis. Ce que je voulais, c’était me retrouver avec eux dans le virage. C’est là qu’on peut donner libre cours à ses élans. Ailleurs, dans les autres parties, ce n’est pas possible, parce qu’il y a femmes et

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