Fraude scientifique : comment des chercheurs font la chasse aux "paper mills", ces usines à fausses publications scientifiques
De moins en moins rares, de fausses études scientifiques aux textes incohérents ou plagiés sont construites à la chaîne par des organisation peu scrupuleuses. Les clients de ces "usines à papiers" (paper mills) ? Les chercheurs eux-mêmes qui, écrasés par la pression à toujours publier plus d'articles, paient jusqu'à des milliers d'euros pour que leur nom figure sur une place d'auteur.
"En 2012, ma thèse a été plagiée par paragraphes entiers. Je n'avais aucun recours. C'est là que j'ai commencé à m'intéresser aux fraudes scientifiques", raconte la chercheuse Anna Abalkina, depuis devenue experte dans les 'usines à papiers'. Plus volontiers appelées par leur nom anglais "paper mills", ces organisations se multiplient, profitant des béances du système de validation de la recherche scientifique pour s'enrichir de façon frauduleuse. Le tout au détriment des chercheurs intègres, de la confiance du public dans la science, et bien sûr de l'échafaudage de connaissances scientifiques sur lequel s'appuient tous les travaux futurs.
"Deuxième place d'auteur : disponible (à vendre)"
"URGENT, RECHERCHE 1 CO-AUTEUR supplémentaire", stipule une annonce en anglais. En dessous, une liste précise "1ère place : vendue, 2ème place : disponible (à vendre), 3ème place : vendue". Cette annonce dénichée par Anna Abalkina (voir tweet ci-dessous) ne laisse pas de place au doute, ce sont bien des places d'auteurs qui sont à vendre, au bénéfice de toute personne prête à payer plusieurs centaines d'euros pour voir son nom figurer sur un article scientifique qu'elle n'a pas écrit.
The first retraction of a paper originating from a Russian-based paper mill. A Springer "journal received evidence suggesting that authorship for this article was offered for sale before the article was submitted to the journal". https://t.co/jFuPQZiP8K#papermills pic.twitter.com/8lKP1SqPlt
— Anna Abalkina (@AbalkinaAnna) May 23, 2022
"La première rétractation d'un article provenant d'une papeterie basée en Russie. Une 'revue de Springer a reçu des preuves suggérant que la paternité de cet article a été mise en vente avant que l'article ne soit soumis à la revue'.", tweete Anna Abalkina. L'image est une capture d'écran de l'annonce de mise en vente des places d'auteurs.
L'article parle ici, c'est précisé dans le texte, de "la création d'un environnement optimal pour l'enseignement à distance". Mais[...]
Lire la suite sur sciencesetavenir.fr
A lire aussi
Fraude scientifique : la fondatrice de Theranos Elizabeth Holmes est reconnue coupable de fraude
Fraudes scientifiques : le CNRS sera "impitoyable" avec les tricheurs
Intégrité scientifique : les chercheurs subissent-ils des pressions pour modifier leurs résultats ?
CHRONIQUE. Le changement climatique n'est pas une crise mais une trajectoire