François Rebsamen, de retour à Dijon, va quitter le gouvernement

François Rebsamen a retrouvé lundi son siège de maire de Dijon et quittera le 19 août ses fonctions de ministre du Travail, en vertu de la règle du non cumul des mandats. /Photo prise le 26 mai 2015/REUTERS/Charles Platiau

PARIS (Reuters) - François Rebsamen a retrouvé lundi son siège de maire de Dijon et quittera le 19 août ses fonctions de ministre du Travail, en vertu de la règle du non cumul des mandats. La réélection de cet homme de 64 ans par le conseil municipal de la capitale historique de la Bourgogne, à un poste qu'il a occupé de 2001 à 2014, était une formalité. "Maire, c'est le plus beau des mandats", a-t-il dit à l'issue du scrutin pour lequel il n'avait qu'un adversaire, un candidat du Front national. Il succède à Alain Millot, un de ses proches, décédé fin juillet. "François Rebsamen aime Dijon (...) Il a considéré en conscience, avec son équipe municipale, qu’il n’y avait pas d’autres choix", a déclaré le Premier ministre, en déplacement dans les Alpes-de-Haute-Provence. "Il faut respecter ce choix." "Je veux rendre hommage au travail qui a été celui de François Rebsamen", dont le nom restera attaché à une loi sur la modernisation du dialogue social, a ajouté Manuel Valls. Dans une interview au Parisien, l'intéressé dit n'avoir jamais envisagé de cumuler les fonctions de ministre et de maire. Il regrette la polémique suscitée par des informations de son ministère, selon lesquelles il entendait rester en place le temps d'achever ses engagements - un "immense quiproquo". "Je sais très bien qu'on ne peut pas faire les deux", dit-il. "Je vais donc préciser les choses : je remettrai ma démission le 19 août à la fin du conseil des ministres." "J'avais pris un engagement devant les électeurs dijonnais de redevenir maire si un jour il ne devait plus l'être. Je tiens aujourd'hui cet engagement", ajoute François Rebsamen. Ce proche du président François Hollande rêvait d'Intérieur. Il a succédé en avril 2014 à Michel Sapin au Travail. Ses débuts ont été "un peu poussifs, il ne connaissait pas les dossiers", se souvient le vice-président de la CFTC, Joseph Thouvenel. "Michel Sapin s'y était mis beaucoup plus vite." Dans l'ensemble, les syndicats saluent les qualités humaines d'un homme avec qui il était "agréable de travailler". "Ce n'est pas un technicien des dossiers mais il est franc et facilement joignable. Il maîtrise bien les rapports de force et a un sens politique que Macron n'a pas", a ainsi confié le numéro un de Force ouvrière, Jean-Claude Mailly, au Journal du Dimanche. Mais les mêmes se montrent critiques vis-à-vis de la politique conduite et reprochent à François Rebsamen de n'avoir pas su résister à l'influence du ministre de l'Economie. "RÉSISTER" À MACRON "On voit bien que quelqu'un lui prenait tous les dossiers importants, le Premier ministre bis, Emmanuel Macron", souligne Joseph Thouvenel. "C'est peut-être une des explications de son départ : il n'a sans doute pas eu toutes les possibilités que doit avoir un ministre du Travail pour mener sa tâche." A la CFDT, on juge "important" qu'il y ait un "bon équilibre entre Bercy et le ministère du Travail", avec un successeur de François Rebsamen "capable de peser". Un avis partagé par Jean-Claude Mailly, qui a souhaité sur France Inter un rééquilibrage entre économie et social. "Il y en a un qui me semble en capacité de résister, s'il était ministre du Travail (...) C'est M. Germain", a-t-il dit. Jean-Marc Germain, député proche de la maire de Lille Martine Aubry et des "frondeurs" du Parti socialiste, est un des noms cités avec ceux du secrétaire d'Etat aux Transports, Alain Vidalies, et du ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll. Selon l'Elysée, "le délai sera court" entre la démission de François Rebsamen et la nomination de son successeur. Le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, a réitéré sur RTL son souhait de voir le gouvernement s'ouvrir "le plus rapidement possible" à tous les socialistes, y compris les "frondeurs", et aux écologistes. François Rebsamen estime, lui, que la fonction exige d'être "en totale harmonie avec L'Elysée et avec Matignon". Dans Le Parisien, il dit partir avec le sentiment du travail "bien fait" et d'avoir "contribué à mettre en place un certain nombre de dispositifs facilitant la vie des entreprises sans pour autant diminuer les droits des salariés." Il avoue cependant ressentir de la frustration, alors que le nombre de demandeurs d'emploi a augmenté de près de 190.000 pour ceux qui n'ont aucune activité, de plus de 400.000 avec ceux qui ont une activité réduite, depuis son arrivée au ministère. Il estime que l'économie française créera des emplois en 2015 avec le retour de la croissance et que le chômage devrait reculer d'ici la fin de l'année. Pour Joseph Thouvenel, il serait en tout cas injuste d'en faire le ministre du chômage : "Ce n'est pas un ministre qui peut faire descendre le chômage en quelques mois. C'est sur la durée que ça peut se régler", a-t-il dit à Reuters. (Yann Le Guernigou et Emmanuel Jarry, avec Arnaud Grange à Dijon, Elizabeth Pineau et Jean-François Rosnoblet)