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François Bayrou se dresse de nouveau sur la route de Sarkozy

François Bayrou, que Nicolas Sarkozy accuse d'avoir provoqué sa défaite en 2012, entre en guerre ouverte contre le président de l'UMP et laisse entendre qu'il pourra concourir à la présidentielle de 2017 si Alain Juppé perd la primaire à droite. /Photo prise le 5 novembre 2013/REUTERS/Jacky Naegelen

PARIS (Reuters) - François Bayrou, que Nicolas Sarkozy accuse d'avoir provoqué sa défaite en 2012, entre en guerre ouverte contre le président de l'UMP et laisse entendre qu'il pourra concourir à la présidentielle de 2017 si Alain Juppé perd la primaire à droite. Le président du MoDem, jusqu'ici témoin amusé du retour de Nicolas Sarkozy et de sa stratégie d'alliance avec les centristes de l'UDI, riposte dans Le Point à l'ancien président avec la même virulence que ce dernier et se met clairement sur sa route, comme en 2007 et 2012. Le "troisième homme" de 2007 (18,57% des voix), qui refuse le processus de primaire ouverte lancé par l'UMP, soutient Alain Juppé mais évoque désormais ouvertement sa candidature comme l'alternative à une possible défaite de l'ancien Premier ministre, rival le plus sérieux de Nicolas Sarkozy. "Si Juppé ne l'emporte pas, je serai dans la situation que j'ai construite depuis longtemps : je serai libre", déclare-t-il au Point, précisant toutefois qu'il n'a pas encore pris sa décision quant à une quatrième candidature à la présidentielle. Un pas est franchi qui bouscule le pacte tacite entre François Bayrou et Alain Juppé en vue d'une majorité "centrale" de gouvernement en 2017. Preuve qu'il repart en manoeuvre, le maire de Pau envisage aussi l'option que "l'Alternative", son union mort-née avec l'UDI de Jean-Louis Borloo en 2013, se refasse, mais ses relations distantes avec Jean-Christophe Lagarde augurent mal d'un rapprochement tactique. Nicolas Sarkozy ne pardonne pas à François Bayrou sa "trahison" de 2012 lorsqu'il avait voté au second tour pour François Hollande. "Sans regret", dit aujourd'hui l'intéressé, qui renoue avec le centre droit et critique le président. "LA VICTOIRE DE LA GAUCHE EN 2012, C'EST SARKOZY" Durant la campagne des départementales, le président de l'UMP n'a cessé de stigmatiser l'irréductible centriste, qu'il juge nocif pour la droite. "Nicolas Sarkozy a l'habitude que tout le monde plie devant lui et se range, voire se couche. Ce n'est pas ma nature", souligne François Bayrou dans Le Point. "Le responsable de la victoire de la gauche en 2012, il porte un nom, il s'appelle Nicolas Sarkozy. Ses attitudes et ses pratiques ont conduit 3 ou 4 millions de Français qui n'étaient pas de gauche, dont je suis, à penser : "Cette agressivité, cette manière de dresser les uns contre les autres, ces affaires multiples, ce n'est pas ce que nous voulons". Et pour François Bayrou, la primaire risque de favoriser "les plus durs de chaque camp". Comprendre Nicolas Sarkozy dont il dénonce l'"agressivité perpétuelle", le contraire d'un chef d'Etat "posé, équilibré". "On connaît le refrain, Bayrou veut exister de nouveau, il nous fait sa crise quinquennale", ironise un élu sarkozyste. "Il y a un sujet Bayrou à l'UMP, il n'y a pas de sujet MoDem", résumait récemment l'UMP Hervé Mariton. Le député du Pas-de-Calais Daniel Fasquelle, trésorier de l'UMP, note "un décalage de plus en plus important entre Bayrou et la base". "Sur le terrain, les 'MoDem' se sont rapprochés des UMP et des UDI", comme l'ont démontré les départementales et, l'UMP l'espère, comme devraient le confirmer les régionales. Quand bien même, Nicolas Sarkozy devra composer avec un François Bayrou qui pèse encore 10% des voix selon des enquêtes et se classait deuxième du baromètre Ifop de février derrière Alain Juppé, avec 57% d'opinions positives. Le président de l'UMP pointait à la 22e place avec 40%. (Sophie Louet, édité par Yves Clarisse)