Francis Ford Coppola espère toujours réaliser son film pharaonique "Megalopolis"

Le réalisateur du "Parrain" a confirmé son intention de mettre en images une idée vieille de quarante ans. Quitte à payer lui-même 120 millions de dollars.

Il sonne comme le Napoléon jamais produit par Stanley Kubrick, ou comme Le siège de Leningrad de Sergio Leone: des projets démesurés, des projets de toute une vie pour des cinéastes chevronnés, qui ne verront jamais le jour. Megalopolis, de Francis Ford Coppola, fait jusqu'à présent partie de cette cohorte maudite. Cependant, dans une récente interview donnée à GQ, le réalisateur new-yorkais persiste et signe: il veut tourner.

Entamé dans les années 80, le scénario demeure flou. Il décrirait une histoire d'amour dans une grande ville, une mégalopole qui donnerait son nom au film. "Une nouvelle Rome", pour Coppola, reconduite dans notre époque. Mais au-delà des intrigues, le projet devra ouvrir l'horizon de ses spectateurs.

"Au Nouvel An, plutôt que de discuter du fait que vous avez arrêté les glucides, j'aimerais que l'on discute d'une question, qui est la suivante: la société dans laquelle nous vivons est-elle la seule à notre portée ? Et que l'on en débatte".

Une longue succession d'échecs commerciaux

La démesure du propos est à la mesure des difficultés connues par Francis Ford Coppola pour le faire financer. Déjà partant à la fin des années 80, il a dû patienter. En 2000, il se murmurait que le film allait trouver son financement, avant que le 11-Septembre ne refasse basculer les choses dans le mauvais sens pour l'Italo-américain.

Lui continue à entretenir des rapports houleux avec les financiers des collines californiennes.

"Quand j'avais gagné cinq Oscars et étais le réalisateur le plus en vue en ville, je me baladais avec Apocalypse Now sous le bras en disant que j'aimerais réaliser cela ensuite. Mais j'ai la propriété d'Apocalypse Now. Et vous savez pourquoi? Parce que personne n'en voulait. Alors vous pouvez imaginer comment réagissent les studios maintenant, vu comment ils réagissaient quand j'avais tout gagné et battu tous les records", souligne-t-il à GQ.

Alors qu'Hollywood lui avait ouvert ses portes en 1972 pour Le Parrain et pour sa suite en 1974, le monument du cinéma connait de nouveau le succès avec Conversation Secrète la même année, raflant une Palme d'Or. Mais l'échec de son scénario pour Gatsby le Magnifique et l'ambition démesurée montrée pour Apocalypse Now l'éloignent des financements.

Il payera ainsi ses films lui-même: après le succès de son adaptation de Conrad, il réalise Coup de Coeur en 1982, via sa société de production personnelle, American Zoetrope, montée avec George Lucas en 1969. Le film, immense échec commercial, malgré un des budgets les plus importants de l'histoire, le ruinera.

Auto-financement de 120 millions de dollars

Pas de quoi calmer Francis Ford Coppola, qui compte bien donner vie à Megalopolis: il a annoncé vouloir investir 120 millions de dollars, puisés dans ses propres deniers. Il faut dire que l'homme a de nouveau fait fortune, dans la vigne cette fois. Il a acheté ses premières parcelles en 1973, et a étendu son domaine pour produire des vins de luxe en Californie.

A 82 ans, l'artiste et père de deux réalisateurs, Sofia et Roman, est donc bien parti pour toucher au but. "Je suis dévoué à la création de ce film, j’aimerais le faire à l’automne 2022", avait-t-il déclaré l'année dernière.

Il aurait contacté plusieurs acteurs pour un casting de luxe: Oscar Isaac, Zendaya, Forest Whitaker, Jon Voight, James Caan... Whitaker serait pressenti pour le rôle d'un homme politique, et Isaac pour celui d'un architecte, responsable de projets en ville. Cate Blanchett, qui fait également partie de la short-list, a laissé entrevoir une mise en route concrète du projet, en janvier dans une interview pour Variety.

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - Oscar Isaac et Forest Whitaker dans le prochain Francis Ford Coppola