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"Franche" discussion entre Kerry et Poutine à Sotchi

John Kerry a eu mardi à Sotchi une discussion "franche" avec Vladimir Poutine au sujet du conflit ukrainien, de la Syrie et de l'Iran. Le secrétaire d'Etat américain est le plus haut responsable américain reçu en Russie depuis le début des grandes manifestations en Ukraine fin 2013 /Photo prise le 12 mai 2015/REUTERS/Joshua Roberts

par Arshad Mohammed et Denis Dyomkin SOTCHI, Russie (Reuters) - La visite de John Kerry mardi à Sotchi, sur les bords de la mer Noire, où il a été reçu par Vladimir Poutine, a permis aux deux puissances d'afficher leur espoir de coopération sur des dossiers où elles sont en opposition sans pour autant permettre d'avancées concrètes. A l'issue d'une longue rencontre de quatre heures avec le président russe, le secrétaire d'Etat américain a évoqué une discussion "franche" sur le conflit ukrainien, la Syrie et l'Iran. Auparavant, il avait été reçu par son homologue russe Sergueï Lavrov pendant plus de quatre heures également. "Discussions franches avec le président #Poutine & MAE #Lavrov sur des questions clés telles que #IranTalks (négociations sur le programme nucléaire iranien, ndlr), #Syrie, #Ukraine", a écrit John Kerry sur son fil Twitter. "Important d'entretenir le dialogue entre les USA et la #Russie dans la gestion des grands problèmes mondiaux", ajoute-t-il. Le secrétaire d'Etat américain est le plus haut responsable américain reçu en Russie depuis le début des grandes manifestations en Ukraine fin 2013, qui ont entraîné le départ du président Viktor Ianoukovitch et précédé le conflit séparatiste dans l'Est. La crise a conduit Washington à imposer des sanctions à des personnalités et à des entités russes accusées de soutenir les rebelles. "ÉVITER TOUTE MESURE PORTANT PRÉJUDICE" Lors d'un point de presse commun, Kerry et Lavrov ont insisté sur l'importance de préserver les relations et le dialogue entre Washington et Moscou. "Nous comprenons qu'il nous faut éviter toute mesure susceptible de porter préjudice à long terme aux relations bilatérales entre la Russie et les Etats-Unis", a dit le ministre russe des Affaires étrangères. Le secrétaire d'Etat américain a noté pour sa part qu'"il n'existe pas de substitut à des discussions directes avec les acteurs clefs, surtout dans une période qui est complexe et qui évolue aussi vite". Dans un communiqué, le ministère russe des Affaires étrangères rapporte que Lavrov a déclaré à son interlocuteur que les "tentatives de pression (sur la Russie) via des sanctions menaient à une impasse". "La coopération n'est possible que sur la base de l'équité et de l'égalité, sans volonté de dicter ni de contraindre", a-t-il poursuivi. Iouri Ouchakov, conseiller du Kremlin, a indiqué pour sa part que les longues discussions entre Kerry et Poutine n'avaient produit aucune avancée majeure. Mais il a ajouté que le président russe avait signalé son souhait que les relations entre les deux pays redeviennent normales. PARLER DU NUCLÉAIRE IRANIEN Les relations bilatérales entre Washington et Moscou se sont détériorées notamment depuis mars 2014, quand la Russie a annexé la péninsule de Crimée, qui était ukrainienne depuis 1954. Moscou, de son côté, accuse Washington d'avoir orchestré la chute du président prorusse Ianoukovitch et favorisé l'avènement de nouveaux dirigeants pro-occidentaux à Kiev. Depuis la conclusion des accords de Minsk II, à la mi-février, Washington reproche aux Russes de ne pas avoir retiré de l'est de l'Ukraine leur matériel lourd, comme des batteries antiaériennes, des chars et de l'artillerie. S'il n'y a pas actuellement de signes manifestes d'une évolution de la position russe dans les dossiers ukrainien et syrien, les autorités américaines espèrent que les récents revers militaires de l'armée syrienne pourraient conduire Moscou, allié au régime de Bachar al Assad, à changer d'attitude. Les insurgés syriens se sont emparés en avril de la ville de Djisr al Choughour, dans le nord-ouest de la Syrie, un mois après avoir pris celle d'Idlib, dans la même province. L'entourage de John Kerry estime en outre qu'il était important de rencontrer Vladimir Poutine pour discuter de l'état d'avancement des négociations sur le nucléaire iranien, qui visent à conclure un accord définitif au plus tard le 30 juin, dans la foulée de l'accord-cadre du 2 avril. (Eric Faye, Jean-Philippe Lefief et Henri-Pierre André pour le service français)