La France signe l'acte de transfert de 26 œuvres vers le Bénin

Macron a reçu le président du Bénin mardi 9 novembre pour finaliser la restitution de 26 trésors. - SARAH MEYSSONNIER / POOL / AFP
Macron a reçu le président du Bénin mardi 9 novembre pour finaliser la restitution de 26 trésors. - SARAH MEYSSONNIER / POOL / AFP

"Un moment historique de fierté nationale", se réjouissent les autorités béninoises. Ce mardi, le France a restitué solenellement 26 œuvres des trésors royaux d'Abomey. Elles avaient été pillées au XIXe siècle par les trouples coloniales.

Sous les applaudissements, les ministres de la Culture des deux pays, Roselyne Bachelot et Jean-Michel Abimbola, ont signé à l'Elysée l'acte de transfert de propriété de ces biens qui vont regagner le Bénin mercredi, après 130 ans d'absence. Emmanuel Macron s'était engagé en 2017 à procéder à des restitutions du patrimoine africain en France.

"C'est un moment symbolique, émouvant et historique, qui était tant attendu et inespéré" s'est félicité le président français Emmanuel Macron. Avant d'ajouter : "Au-delà de cette restitution, nous allons poursuivre le travail".

Quelles sont ces œuvres?

Des statues royales pour protéger l'armée, des portes en bois et des bâtons de danse...26 oeuvres en tout vont être remises à leur pays d'origine. Parmi elles, figurent trois imposantes statues royales anthropo-zoomorphes, en très bon état de conservation, selon le musée du Quai Branly.

Chacune des statues incarne un monarque, comme le puissant roi Ghézo en homme-oiseau ou le roi Béhanzin, mi-homme, mi-requin. Dans la culture dahomè, la grande statuaire honorait "essentiellement les ancêtres royaux et, dans une moindre mesure, des vaudou protecteurs de l'armée", rappelle le musée du Quai Branly.

Quatre portes en bois sculptées font aussi partie des œuvres bientôt restituées. Ces portes massives, sculptées en bois polychromes, furent trouvées au sol par les troupes françaises lors de la prise d'Abomey en 1892, rapporte le Quai Branly.

Les différents panneaux conservés furent sculptés sous le règne du roi Glèlè, dixième roi d'Abomey, par l'artiste Sossa Dede. Ils marquaient très probablement l'entrée du bâtiment de réception et salle de conseil du souverain.

Le trône du monarque, un haut siège rectangulaire constitué de plusieurs panneaux en bois et dont la partie supérieure est incurvée, a également été retrouvé. L'objet est orné de motifs d'inspiration ashanti (culture de l'actuel Ghana) et afrobrésilienne. Un autre trône majestueusement sculpté, appartenant au roi Ghézo, et divers objets témoignant de la vie du royaume figurent également.

Un sac, une tunique, des autels portatifs ou encore des bâtons de danse témoignent de l'âge d'or du royaume du Dahomey, resté célèbre pour son système administratif élaboré, son rôle dans la traite négrière, mais aussi pour son armée mixte, avec des femmes-soldats surnommées "Amazones" par les Européens.

90 % des œuvres hors du continent

Lors de son discours de Ouagadougou en novembre 2017, Emmanuel Macron s'était engagé à rendre possible dans un délai de cinq ans les restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain en France. Sur la base d'un rapport remis par les universitaires sénégalais et française Felwine Sarr et Bénédicte Savoy, il avait décidé de rendre les 26 œuvres réclamées par les autorités du Bénin.

Une loi votée en décembre 2020 a rendu possible ces restitutions au Bénin en permettant des dérogations au principe d'"inaliénabilité" des œuvres dans les collections publiques, parce qu'elles avaient fait l'objet de pillages caractérisés. Selon des experts, 85 à 90% du patrimoine africain serait hors du continent. Depuis 2019, outre le Bénin, six pays - Sénégal, Côte d'Ivoire, Ethiopie, Tchad, Mali, Madagascar - ont soumis à la France des demandes de restitutions.

Paris doit restituer prochainement à la Côte d'Ivoire le Djidji Ayokwe, célèbre tambour parleur des Ebriés, réclamé de longue date par Abidjan. Les restitutions d'œuvre d'art pillées à l'Afrique sont un des points saillants de la "nouvelle relation" que le chef de l'Etat français entend nouer avec le continent.

Article original publié sur BFMTV.com