Publicité

La France va recycler des millions de litres de vin invendus en gel hydroalcoolique

Les producteurs pourront en tirer jusqu’à 78 euros pour 100 litres transformés, mais la mesure ne fait pas l'unanimité.

À partir de ce vendredi, les millions de litres d'alcool invendus par les producteurs de vin en raison de la crise du Covid-19 pourront être utilisés pour fabriquer du gel hydroalcoolique et du bioéthanol, en échange d'une indemnisation.

La fermeture des bars et des restos durant l'épidémie de Covid-19 a fait de nombreux dégâts. Indirectement touchés de plein fouet, les producteurs de vin sont aujourd’hui confrontés à une crise historique, avec un stock record d'invendus. A titre d'exemple, le champagne a subi une chute hebdomadaire de ses ventes allant jusqu'à 64% en plein cœur du confinement. À partir de ce vendredi, un plan d'aide, financé par des fonds publics européens, va toutefois permettre aux viticulteurs de limiter la casse et de libérer leurs stocks en ayant la possibilité de transformer leurs millions de litres d'alcool en gel hydroalcoolique ou en bioéthanol, rapporte France Bleu.

Jusqu’à 78 euros pour 100 litres transformés

Ainsi, les fonds débloqués permettront de recycler environ 200 millions de litres d'ici le 15 octobre. Concrètement, pour 100 litres transformés, un producteur recevra 78 euros d'indemnisation (pour un vin sous appellation) et 58 euros pour un vin sans indication géographique (dans cette catégorie, ceux de Bourgogne, Beaujolais, Alsace, Savoie, Jura, Charente et Cognac ne sont toutefois pas éligibles).

Dès ce vendredi, "les 33 distillateurs agréés en France pourront collecter du vin et distiller", explique Didier Josso, le délégué de la filière vins de l'organisme semi-public FranceAgriMer, qui gère les marchés agricoles. Chaque viticulteur a désormais jusqu'au 19 juin pour souscrire le volume qu'il souhaite distiller auprès de son distillateur local. L'alcool issu de cette distillation sera ensuite exclusivement réservé à l'industrie, pour la fabrication de bioéthanol, ou pour la pharmacie et les cosmétiques, notamment pour la production du gel hydroalcoolique.

"On ne vas pas envoyer du vin à la chaudière !"

Pour certains viticulteurs de la vallée du Rhône, ce "concept" ne passe pas. "La récolte 2019 était très qualitative, on ne va pas envoyer du vin à la chaudière !" a regretté Philippe Pellaton, vice-président de l'organisation professionnelle Inter-Rhône lors d'une conférence de presse à Marseille. Selon lui, cette aide n'est pas à la hauteur car la différence entre cette indemnisation et les cours moyens du marché "vont du simple au double". Certaines initiatives sont également prises au niveau local. La région Occitanie a ainsi annoncé la semaine dernière un plan de soutien de 14 millions d'euros à sa viticulture.