Projet d'accord sur les prisons avec deux syndicats

par Emmanuel Jarry

PARIS (Reuters) - Les discussions entre deux syndicats de gardiens de prison et la Direction de l'administration pénitentiaire (DAP) ont abouti vendredi soir à une série de propositions pour améliorer les conditions de travail et la sécurité des surveillants.

Le relevé de conclusions, qui doit encore être approuvé par la Garde des sceaux, Nicole Belloubet, et soumis à leur base par l'Ufap-Unsa Justice et la CGT Pénitentiaire, prévoit des moyens humains et en formation supplémentaires, ainsi qu'en matériel, notamment en matière d'équipements de sécurité.

"C'est un projet de relevé de conclusions qui répond à la demande de sécurité des surveillants", déclarait-on samedi matin au ministère de la Justice.

Ce document de cinq pages prévoit la création de 1.100 postes de surveillants en quatre ans, dont 100 cette année.

Il porte également sur la définition d'un nouveau régime de détention pour les détenus radicalisés et condamnés ou poursuivis pour faits de terrorisme islamiste.

Il s'agit d'assurer "une étanchéité totale de la gestion des détenus les plus dangereux", lit-on dans ce document qui vise au doublement, d'ici fin 2018, des capacités d'évaluation de ces prisonniers dans des quartiers spécifiques.

Ces quartiers d'évaluation de la radicalisation (QER) devront eux-même garantir des conditions d'"étanchéité" avec les autres détenus. Cette évaluation devra en outre être élargie aux détenus de droit commun susceptibles d'être radicalisés.

Le document prévoit de façon plus générale une augmentation de la prise en charge dans des quartiers spécifiques des détenus pour terrorisme islamiste ou radicalisés, en particulier pour les profils présentant un risque de passage à l'acte violent ou de prosélytisme.

Le projet d'accord propose également un renforcement de la prise en charge des détenus violents autres que ces prisonniers et comprend tout un volet sur la reconnaissance des métiers du monde pénitentiaire.

DIVERGENCES SYNDICALES

"Le positionnement du surveillant doit être repensé pour valoriser notamment son rôle d'observation et sa connaissance des détenus", lit-on ainsi dans ce relevé de conclusions.

Celui-ci prévoit enfin que le renforcement des moyens matériels sera discuté avec les signataires d'ici le 30 avril et fera l'objet d'une circulaire applicable au plus tard le 1er juillet prochain.

Une grande partie des 188 établissements pénitentiaires français ont été perturbés cette semaine par des blocages et des retards de prise de service des gardiens.

Ce mouvement a été déclenché par l'agression à l'arme blanche de trois surveillants et d'un gradé de la prison de Vendin-le-Vieil, dans le Pas-de-Calais, le 11 janvier, par un détenu allemand converti à l'islam, Christian Ganczarski, condamné à 18 ans de prison pour complicité dans l'attentat de 2002 contre une synagogue de Djerba, en Tunisie.

Depuis lors, plusieurs autres agressions de surveillants ont été commises par des détenus radicalisés.

Les discussions entre l'Ufap-Unsa, la CGT Pénitentiaire et la DAP, commencées mardi, se sont achevées vendredi à 23h30.

L'Ufap-Unsa et la CGT Pénitentiaire s'en remettent maintenant à leur base.

"Soit les personnels nous demandent de signer ce document, soit l'action continue", disent ces syndicats dans un communiqué commun. "Quoi qu'il en soit, dans l'attente du retour de la consultation, l'action continue dès lundi 22 janvier 2018."

Le SNP-FO, qui n'a pas pris part aux discussions, a qualifié cet accord de "fumisterie".

"Qu’apporte concrètement ce protocole à l’ensemble de la Profession sur le plan sécuritaire? Que des broutilles taillées à l’emporte-pièce, du vent et de la poudre de 'Perlimpinpin'", peut-on lire dans un communiqué. "Rien n’empêchera les agressions violentes subies par les personnels à court et moyen terme."

Le SNP-FO regrette la division syndicale depuis le début des débrayages et accusent l'Ufap-Unsa et la CGT Pénitentiaire de "faire cavalier seul". Il appelle à la création d'un front commun pour "obtenir de réelles avancées, sécuritaires et indemnitaires, pour les personnels de surveillance".

En attendant, le syndicat appelle l'ensemble des personnels de surveillance à "bloquer totalement l'institution" dès lundi.

(avec Caroline Pailliez, édité par Nicolas Delame)