En France, près de 2 000 enfants sont contraints de dormir à la rue, selon des associations
ENFANT - À la veille de la rentrée scolaire, la situation est « alarmante ». Selon le baromètre publié ce mercredi 30 août par la Fédération des Acteurs de la Solidarité (FAS) et Unicef France, près de 2 000 enfants sont contraints de dormir à la rue faute de places d’hébergement d’urgence disponibles ou adaptées. Un nombre en hausse qui inquiète les associations.
« Les chiffres n’ont jamais été aussi alarmants avec une augmentation du nombre d’enfants sans solution d’hébergement jamais atteint » depuis la mise en place de ce baromètre il y a cinq ans, souligne auprès de l’AFP la représentante de l’agence onusienne dans l’Hexagone, Adeline Hazan.
Une « volonté » de l’État de réduire le nombre de places d’hébergement
Dans la nuit du 21 au 22 août, 3 735 personnes en famille ayant composé le 115, le numéro d’appel d’urgence pour les personnes sans abri, n’ont pas pu être hébergées faute de places disponibles ou adaptées.
Parmi elles, 1 990 étaient des enfants, dont 480 âgés de moins de trois ans. Près de 80 % de ces 1 990 enfants ont déclaré avoir également dormi dans la rue la veille de leur demande, précisent Unicef France et la FAS, qui pointent une augmentation sur un an de plus de 20 % du nombre d’enfants sans solution d’hébergement.
🔴 Au moins 1 990 enfants sans domicile, selon l’Unicef et la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) ➡️ "C’est un rude constat d’échec collectif", estime Pascal Brice, président de la FAS. “C’est une augmentation de 20%. Il faut que ces enfants soient sortis de la rue.” pic.twitter.com/iI5SrhW8Mi
— franceinfo (@franceinfo) August 30, 2023
Une situation d’autant plus « préoccupante » que les chiffres sont largement sous-évalués, insistent les deux organisations. En effet, le baromètre ne prend pas en compte ceux qui ont renoncé à appeler le 115, les enfants vivant dans des bidonvilles ou en squats, ou encore les mineurs non accompagnés.
« On assiste à un double mouvement, celui d’une augmentation importante des besoins en hébergement en raison du contexte économique et des questions géopolitiques, et celui d’une volonté » de l’exécutif « de réduire le nombre de places d’hébergement », décrypte Nathalie Latour, directrice de la FAS. « Cela crée une situation de tension extrêmement importante, et donc de nombreuses personnes, dont des enfants, sont à la rue » ou dans des abris de fortune.
« C’est très stressant et c’est honteux »
À l’image de Marie, qui à quelques jours de sa rentrée en cinquième, a confié son « stress » à l’Agence France presse. Cette adolescente de 12 ans dort depuis fin juin dans le gymnase Bellecombe à Lyon, occupé par une vingtaine de femmes et une trentaine d’enfants, accompagnés par le collectif Jamais sans Toit.
RT 🆘 à une semaine de la #rentreescolaire le nombre d’enfants sans toit explose à #Lyon 📈
🗓️@jamaissanstoit participera le 30 août à la conférence de presse au siège de la fondation @Abbe_Pierre avec @UNICEF_france @FedeSolidarite @ecolepourtous @CollAssoUnies @FCPE_nationale https://t.co/SIZCZFaXZE pic.twitter.com/BQSF72wtsQ— Jamais Sans Toit (@jamaissanstoit) August 28, 2023
« Beaucoup de personnes me disent que la cinquième, c’est dur, que c’est important d’être concentrée, mais je ne vois pas comment je peux l’être ici, avec le bruit, les petits qui jouent, les bébés qui pleurent », raconte-t-elle. « C’est très stressant et c’est honteux. À mes copines, à qui je dis tout en temps normal, je ne leur ai rien dit, j’ai trop peur du jugement, c’est très dur à vivre ».
Maxime, qui loge également au gymnase avec sa mère, son frère de 10 ans et sa sœur de 6 ans a, lui, connu la rue et les campements au printemps dernier. « Sous la tente, il pleuvait, il y avait des rats la nuit, c’était compliqué », résume pudiquement l’adolescent qui était alors scolarisé en 6e. « En cours, j’étais fatigué, j’avais faim, ce n’était pas facile de se concentrer. »
Augmentation des angoisses et dépressions
Pour Juliette Murtin, porte-parole de Jamais sans Toit, « ce qui est le plus dur pour eux, c’est l’incertitude permanente, de ne pas savoir où ils vont être après-demain ».
« Le nombre de troubles anxio-dépressifs, voire de dépression, de mal-être, d’impossibilité d’apprendre correctement ou de jouer correctement est absolument gigantesque » chez les enfants sans abri, complète Adeline Hazan.
Dans l’immédiat, Unicef France et la FAS demandent, entre autres mesures, une loi de finances rectificative pour 2023 prévoyant « a minima le maintien de la capacité du parc d’hébergement à 205 000 places », avec un objectif de « zéro enfant à la rue », avant une augmentation du nombre de places en 2024.
Interrogé par l’AFP le 23 août sur la question des places d’hébergement d’urgence, le ministre délégué au Logement Patrice Vergriete avait assuré que la perspective d’une augmentation de leur nombre était « intégrée au niveau de l’État » et que des discussions sur « les moyens financiers pour y arriver » étaient en cours. Sans donner plus de précisions ou de délai.
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