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La France n'acceptera plus de nouveaux "imams détachés"

LA FRANCE N'ACCEPTERA PLUS DE NOUVEAUX "IMAMS DÉTACHÉS"

PARIS (Reuters) - La France va progressivement mettre fin au système d'"imams détachés" envoyés par la Turquie, le Maroc et l'Algérie, a annoncé mardi Emmanuel Macron lors de la présentation des premières mesures de la stratégie gouvernementale de lutte contre le "séparatisme islamiste".

"Aujourd'hui, nous avons 300 imams détachés qui sont envoyés en France chaque année", a souligné le chef de l'Etat lors d'un discours à Mulhouse (Haut-Rhin).

"Nous allons progressivement ne plus en faire venir de nouveaux et laisser la période de présence des derniers imams détachés se poursuivre jusqu'à son terme."

"En parallèle, nous allons former des imams en France pour qu'ils puissent maîtriser la langue et les lois de la République", a-t-il ajouté. "Cette sortie de l'islam consulaire est extrêmement importante pour pouvoir réduire ces influences étrangères et s'assurer que chacune et chacun respecte pleinement les lois de la République."

Autre mesure annoncée mardi dans ce discours très attendu à moins d'un mois des élections municipales, la suppression dès la rentrée 2020 du dispositif d'enseignement de langue et de culture d'origine (Elco), vecteur selon Emmanuel Macron d'une forme de séparatisme au sein de la République.

Neuf pays - l'Algérie, la Croatie, l'Espagne, l'Italie, le Maroc, le Portugal, la Serbie, la Tunisie et la Turquie - sont concernés par ce dispositif de cours facultatifs dispensés par des enseignants "désignés par des gouvernements étrangers" et qui existe depuis 1977 en France. Quelque 80.000 élèves suivent ces enseignements chaque année, selon l'Elysée.

"LES LOIS DE LA TURQUIE EN FRANCE"

"Je ne suis pas à l'aise d'avoir dans l'école de la République des femmes et des hommes qui peuvent enseigner sans que l'Education nationale ne puisse exercer le moindre contrôle", a expliqué Emmanuel Macron. "Nous n'avons pas non plus le contrôle sur les programmes qu'ils enseignent, ce qui est un problème."

"Il ne s'agit pas de dire qu'on doit tout contrôler mais on ne peut pas enseigner des choses qui ne sont pas manifestement compatibles ou avec les lois de la République ou avec l'Histoire telle que nous la voyons", a-t-il ajouté.

La France a donc proposé aux neuf pays concernés de basculer dès la rentrée 2020 du dispositif Elco à celui des enseignements internationaux en langue étrangère - tous ont accepté, à l'exception de la Turquie.

Faute d'accord avec Ankara, la France assurera elle-même l'enseignement périscolaire du turc avec des enseignants français et françaises, a prévenu Emmanuel Macron, qui a assuré ne vouloir "froisser personne".

"La Turquie a aujourd'hui le choix de suivre ce chemin avec nous ou pas mais je ne laisserai aucun pays étranger nourrir sur le sol de la République un séparatisme qu'il soit religieux, politique ou identitaire", a-t-il ajouté. "On ne peut pas avoir les lois de la Turquie sur le sol français."

(Marine Pennetier, édité par Jean-Stéphane Brosse)